<540> fonds de terre. Vous ne manquerez pas de faire votre rapport de quelle manière le sieur Williams vous aura répondu là-dessus; je serais cependant bien aise si vous pouviez diriger ces insinuations de la sorte qu'il tomberait lui-même dans mes idées, et qu'il s'en ouvrît le premier à vous — ce que je laisse à votre savoir faire.

Au surplus, puisque j'ai des raisons particulières pourquoi je voudrais bien être instruit sur le caractère du comte Esterhazy, que vous avez connu à Dresde comme ministre de la cour de Vienne, vous devez me marquer tout ce que vous savez sur son esprit, sur son humeur, sur sa façon de penser et d'agir, et même sur ses faiblesses. Vous observerez avec cela que vous ne devez faire votre rapport là-dessus qu'immédiatement à moi seul, sans en envoyer des doubles au département des affaires étrangères et sans laisser transpirer quelque chose à qui que ce soit de ce que je vous ai ordonné à ce sujet.

Federic.

Nach dem Concept.


2859. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 9 décembre 1747.

J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite le 29 du novembre passé. Je suis du sentiment qu'il ne résultera pas quelque chose de solide des chipoteries entre les Anglais et entre l'émissaire espagnol à Londres; par les conjectures que je puis faire, je me fortifie de plus en plus dans les sentiments où j'ai été, savoir qu'on voudra absolument faire encore une campagne. Si celle-là est heureuse pour la France, malgré le secours de troupes russes que les Puissances maritimes vont recevoir, alors celles-ci penseront sérieusement à la paix; si, au contraire, on a des avantages sur la France, alors les alliés voudront pousser la guerre et ne point se prêter pour convenir de la paix. Quant à la marche du corps de troupes russes, je la compte pour sûre, quoiqu'elle pourrait arriver un peu plus tard qu'on l'aurait d'abord voulu, et que peut-être au lieu de 30,000 Russes il n'en arrivera que 20,000. Au surplus, vous ferez fort bien de veiller assez près sur les projets que l'union de Bartenstein et de Pallavicini pourra faire éclore; plus ils en feront des extravagances, plus les affaires de la cour de Vienne iront mal et en confusion, ce qui ne saura manquer par une suite toute naturelle. Si ces gens-là ont envie de brasser quelque chose contre moi, je m'en consolerai par les réflexions suivantes, savoir que la cour de Vienne ne saura entreprendre quelque chose sur moi sans le concours de l'Angleterre, les Russes seuls n'étant pas assez en forces pour cela sans des secours étrangers en argent. De plus, il faudra qu'avant qu'on me fasse nouvellement la guerre, celle que l'on a sur les bras contre la France, soit finie, et pourvu que celle-ci dure encore un ou deux ans, j'espère que