<64> nouveaux malheurs, qui sûrement seraient pis que ceux qu'elle avait déjà essuyés. Vous ne manquerez pas de me mander ce qu'on vous a répondu là-dessus.

Federic.

P. S.

Quand vous aurez l'occasion de dire confidemment au comte de Hennicke tout ce que je viens de vous ordonner par ma lettre, vous ajouterez encore d'une façon bien polie que, bien que ma résolution invariable fût de vivre toujours dans une parfaite amitié avec le Roi son maître et de contribuer en tout ce qui pourra rendre notre harmonie parfaite, néanmoins je le priais, lui, comte de Hennicke, de se bien ressouvenir de tout ce que je lui avais dit du temps de mon dernier séjour à Dresde, lorsque je l'avais entretenu tout seul dans une des chambres où je fus logé alors; que du reste je lui faisais réitérer les assurances de toute mon estime.

Nach dem Concept.


2200. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 19 avril 1746.

J'ai reçu presque à la fois les dépêches que vous m'avez faites le 2 et le 4 de ce mois, et vous sais bon gré de toutes les particularités intéressantes que vous m'y détaillez.

Bien que je croie encore que, malgré tout le malin vouloir du Chancelier et des cours de Vienne et de Dresde, aussi, peut-être, de celle d'Hanovre, le temps où elles pourront exécuter leurs pernicieux desseins contre moi, ne paraît pas être si proche, si l'on ne me veut entamer qu'après la paix faite entre la France et la reine de Hongrie, étant absolument faux que la cour de Vienne ait fait sa paix secrète et particulière avec celle de Versailles, et que même cette paix me paraît si reculée qu'il faudra peut-être encore deux campagnes, avant que de pouvoir finir cette guerre — je suis néanmoins bien intrigué sur le complot susdit; car si la cour de Russie a autant de mauvaise volonté contre moi que vous le dites, il est raisonnablement à croire qu'on prendra son temps à m'assaillir, dès que la pacification de la reine de Hongrie avec la France sera faite, et que la cour de Russie y mènera alors le branle et fournira le prétexte. C'est pourquoi vous ne devez point vous relâcher à employer tout votre savoir-faire pour découvrir les intrigues des cours de Vienne et de Dresde avec celle de Pétersbourg, et pour pénétrer la véritable destination de l'armement de la Russie, comme aussi de me mander toutes les dispositions militaires qu'on fait en Russie. Vous dites que les Russes sont peu à redouter, puisqu'ils ont fort peu de bons généraux et que leurs troupes ne valent