<73>senté vous-même au Roi, et de lui dire de ma part, en des termes les plus obligeants et les plus polis que vous sauriez imaginer, qu'après avoir eu la satisfaction de voir l'amitié et la bonne harmonie entre nous heureusement rétablies, je me prêtais de bien bon cœur à ce que le Roi avait désiré de moi sur cette affaire-ci, uniquement pour lui marquer par là combien j'avais de l'inclination à lui faire plaisir en tout ce qui dépendrait de moi; qu'il me trouverait toujours prêt à le convaincre du désir sincère que j'avais de cultiver l'amitié et l'harmonie la plus parfaite avec lui, et que je me persuadais du réciproque de sa part, afin de resserrer d'autant plus par là les liens d'une amitié parfaite et constante.

Vous devez vous expliquer dans le même sens vers les comtes de Brühl et de Hennicke et me faire votre rapport de ce qu'on vous aura dit là-dessus.

Federic.

Nach dem Concept.


2209. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 29 avril 1746.

Les dépêches que vous m'avez faites le 15 et le r8 de ce mois, m'ont été rendues à la fois. Ce que vous avez répondu au marquis d'Argenson sur l'insinuation qu'il vous a faite touchant la nécessité qu'il y aurait pour que j'acquisse tout l'ascendant que je pourrais sur le roi de Pologne, est très sensé; aussi fais-je tout ce qui est en mon pouvoir pour regagner l'amitié et la confiance de ce Prince. Vous direz cependant au marquis d'Argenson que, s'il me demandait de disposer la cour de Dresde à faire une déclaration de vigueur à celle de Vienne pour que celle-ci n'osât pas poursuivre le dessein qu'on lui attribue, à vouloir entamer le roi des Deux-Siciles, ce serait un peu outrer ses demandes; car sans toucher la prédilection qu'on connaissait au ministère de Dresde pour la cour de Vienne, celle de Dresde était actuellement en si mauvaise posture que, quand même elle hasarderait une pareille déclaration à la cour de Vienne, celle-ci ne ferait que de s'en moquer, connaissant assez que la cour de Dresde ne saurait pas y donner le poids. Si le marquis d'Argenson demande d'ailleurs de savoir ce que je crois de faire pour disposer le roi d'Angleterre à une paix raisonnable, vous devez lui dire que je n'avais jusqu'ici rien négligé pour conseiller la paix au roi d'Angleterre, et que mes ministres feraient voir en détail au marquis de Valory ce que j'avais fait là-dessus; mais comme tout ceci n'avait guère fait impression sur le roi d'Angleterre, j'étais assez en peine de ce que je devais faire à présent, n'ayant point envie de faire des menaces vaines et n'étant d'ailleurs pas à même de forcer un accommodement; que c'était un malheur singulier que les désavantages que les Français et les Espagnols avaient eus en Italie, eussent tant rehaussé le courage des ennemis de la France, mais que ce n'était