<74> nullement de ma faute, et que je ne saurais entrer dans une nouvelle guerre pour les mauvaises dispositions que les chefs commandants des troupes françaises et espagnoles avaient faites en Italie. Vous ajouterez à tout cela, quoique seulement verbalement, que je considérais la vigueur que la France mettrait dans ses opérations en Flandre comme le plus sûr et le meilleur moyen à parvenir bientôt à une paix honorable, et qu'il me paraissait d'ailleurs qu'il ne saurait guère manquer que la France ne dût détacher ou l'un ou l'autre des alliés de la reine de Hongrie, soit les Hollandais, en leur serrant le bouton par des opérations vigoureuses, soit le roi de Sardaigne, par des intrigues soutenues par des forces suffisantes à s'opposer aux progrès que les troupes autrichiennes et sardinoises ont faits jusqu'ici; que je ne saurais justement prévoir avec qui des deux la France aurait fait le premier, mais que je croyais que ce seraient les Hollandais avec qui elle viendrait le plus tôt à bout, et qu'alors le reste suivrait; qu'au reste, je priais le marquis d'Argenson de croire que jamais je n'envierais à la France et à ses alliés les avantages qu'ils pourraient avoir sur la reine de Hongrie, et que, plus ils en conquerraient des provinces, plus je m'en réjouirais.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


2210. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 30 avril 1746.

Comme il me revient, de plus en plus, de différents endroits que j'aurais lieu d'être sur mes gardes à l'égard des mouvements que les Russes font actuellement, et qu'on continue à me mander que les troupes régulières et irrégulières que les Russes ont tenu assemblées auprès de Smolensko, continuent leur marche vers la Livonie, sans cependant toucher les territoires de la Lithuanie polonaise, et que d'ailleurs on m'a voulu indiquer comme un secret qu'il y avait un concert pris entre la cour de Vienne et la Russie que cette dernière agirait et que, selon le succès, la première et peut-être aussi la Saxe se déclareraient ou resteraient tranquilles, j'ai cru que je ne ferais peut-être pas mal, si je faisais demander, à la fin, une explication catégorique du ministère de Russie sur les raisons et le but des mouvements en question.

C'est pourquoi j'ai bien voulu vous adresser la dépêche incluse, ostensible et expédiée en forme de post-scriptum d'une de mes dépêches à vous.

Mon intention en est que, lorsque vous saurez que les troupes russiennes se renforcent de plus en plus, et qu'elles pourraient commencer à s'assembler, vous deviez alors parler au Grand-Chancelier, et après avoir débuté avec lui de la manière qui convient, lui lire, ou faire lire à lui-même, ce rescrit allemand d'un but à l'autre, sans cependant lui