<80> faire revenir de la prévention qu'ils semblent avoir prise contre moi, pour leur inspirer une idée plus juste de ma façon de penser et d'agir et pour les persuader de la sincérité de mon désir et de ma ferme résolution de faire revivre l'ancienne harmonie entre la maison d'Autriche et la mienne, et de contribuer de mon côté tout ce qu'on peut raisonnablement désirer pour en fortifier les nœuds et pour les rendre indissolubles. Il en usera de même à l'égard du secrétaire d'État, le baron de Bartenstein, à qui je lui permets de dire de ma part tout ce qu'il juge à propos de flatteur et de propre à le rendre favorable à mes intérêts.

10° Pour ce qui est des ministres étrangers, le comte de Podewils se gouvernera à leur égard, quant à la première visite et à d'autres points du cérémoniel, de la manière qu'il le trouve établi entre des ministres d'un caractère égal au sien. Au reste, comme je suis maintenant en paix avec toutes les puissances de l'Europe, il pourra entretenir un commerce d'amitié et de politesse avec tous les ministres étrangers qui se trouvent à Vienne, en rendant à chacun ce qui lui est dû suivant son rang et celui de son maître, les pratiquer même familiairement et vivre avec eux d'un air de cordialité, sans donner pourtant sa confiance qu'à très bonnes enseignes. Il se gardera surtout de la prodiguer aux ministres de Russie et de Saxe, par les raisons qu'il verra dans les articles suivants. Bien au contraire, il veillera sans relâche avec une attention extrême à leurs menées et éclairera de près leurs démarches et les négociations dont ils pourraient être chargés, soit directement avec la cour de Vienne, soit avec d'autres ministres qui y résident. Il pourra agir avec plus de franchise, non toutefois sans une pointe de défiance, avec les ministres des Puissances maritimes. Il est même du droit du jeu qu'il en use de la sorte afin de persuader le public, aussi bien que les ministres mêmes, de mes bonnes dispositions pour les intérêts de leurs maîtres et de mon désir de m'unir avec eux, surtout avec le roi d'Angleterre, de la manière la plus étroite. Aussi n'épargnera-t-il rien pour captiver l'amitié et la confiance du sieur Robinson, dont le crédit pourra lui être d'une grande utilité pour la réussite de ses négociations.

11° Le principal point où le comte de Podewils doit présentement attacher son attention, c'est d'approfondir les véritables dispositions de la cour impériale à mon égard, particulièrement celles de l'Impératrice-Reine et de ses ministres; si l'on est sérieusement intentionné de se tenir à la dernière pacification, ou si l'on prend de loin des mesures pour une route opposée. Il est d'autant plus nécessaire d'examiner ce point avec un soin extraordinaire, que je suis averti de plus d'un endroit, et même avec des particularités qui portent un grand air de vraisemblance, qu'il y a effectivement un concert secret sur le tapis entre les cours de Vienne et de Pétersbourg pour me dépouiller de la Silésie, au moyen d'une irruption subite et imprévue du côté de la Bohême et de Moravie, tandis que la Russie agirait avec toutes ses forces contre la