<97> malintentionné des offres pécuniaires pour le gagner, qu'à la dernière extrémité, puisque, de l'humeur qu'il est, il ne manquerait pas de tâcher, comme vous dites, à m'extorquer à tout bout de champ de nouvelles gratifications; aussi vous règlerez-vous là-dessus. Mais il faudra d'ailleurs que vous soyez bien attentif pour ne pas manquer le moment critique, lorsqu'il pourrait devenir indispensablement nécessaire que vous vous serviez de ce moyen-là; car il faut que je vous dise que, malgré toutes les assurances que vous me donnez, comme si je n'avais rien à craindre de la Russie, au moins cette année-ci, les lettres que je reçois de la Lithuanie continuent toujours à me marquer que le corps de troupes russiennes assemblé auprès de Smolensko irait marcher vers la Livonie. Il y a même des lettres de Wilna, du 28 d'avril, qui y ajoutent que le grand-maréchal de la Lithuanie, prince Radziwill, a envoyé, par ordre du roi de Pologne, deux commissaires jusqu'aux confins de la Lithuanie, pour faciliter en tout la marche desdites troupes et pour avoir soin que rien ne leur manquât. On marque d'ailleurs que tous les Cosaques, Kalmouks et autres troupes irrégulières russiennes jusqu'à Astracan devraient avoir reçu ordre de se tenir prêts à marcher au premier ordre qui leur en parviendrait.

Voilà des choses bien difficiles à concilier avec ce que vous venez de m'assurer, et, quoique je ne veuille pas tout-à-fait ajouter foi à ces avis-là, néanmoins il sera très nécessaire que vous tâchiez à bien approfondir ce qui en est; car si je ne crains point les troupes régulières de la Russie, j'appréhende d'autant plus ses troupes irrégulières, qui pourraient désoler et dévaster toute la Prusse, avant que je sois en état d'y remédier. D'ailleurs il n'est pas si facile que vous le paraissez croire, d'aller prendre Riga, puisqu'il faudrait pour une telle expédition une flotte ou du moins assez de vaisseaux pour amener les vivres et autres choses nécessaires pour mon armée.

Par toutes ces considérations, vous conviendrez de la nécessité qu'il y a que, nonobstant toutes les belles apparences que vous voyez comme si je n'avais rien à craindre de la Russie, vous ne vous laissiez point endormir, mais continuiez plutôt à suivre de bien près les démarches et menées secrètes du ministre.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


2230. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Pyrmont, 21 mai 1746.

J'ai reçu la relation que vous m'avez faite le 14 de ce mois. Bien que vous paraissiez croire encore que l'affaire des subsides entre la Saxe et la France n'est point encore réglée, je veux bien pourtant vous dire, pour votre direction seule, que je sais, à n'en pouvoir douter,