2141. INSTRUCTION POUR LE SIEUR DE KLINGGRÆFFEN, CONSEILLER PRIVÉ DU ROI, NOMMÉ POUR ALLER A LA COUR DE DRESDE EN QUALITÉ D'ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE DE SA MAJESTÉ.

Berlin, 30 janvier 1746.

1° Les services utiles et agréables que j'ai reçus du sieur de Klinggræffen, et la fidélité, le zèle et la dextérité dont il s'est acquitté de ses commissions, m'ayant déterminé à l'employer à la cour de Saxe en<13> qualité de mon envoyé extraordinaire, mon intention est qu'il se rende sans retardement à Dresde, aussitôt que la présente instruction lui aura été remise.

2° A son arrivée, son premier soin sera d'en faire informer le principal ministre de Sa Majesté Polonaise, le comte de Brühl, et de lui rendre visite tout de suite, pour lui remettre copie de la lettre de créance dont il recevra l'original à cachet volant ci-joint, et pour le prier de lui procurer une audience particulière, sans aucune cérémonie, de Sa Majesté le roi de Pologne.

3° Dans cette audience, il remettra à Sadite Majesté l'original de la lettre de créance, en l'accompagnant de tout ce qui se peut dire de plus obligeant et de plus persuasif pour l'assurer de la haute estime et de la véritable amitié que j'avais constamment conservées pour sa personne, et que nos différends passés n'avaient jamais altérées; que ces différends ayant été heureusement aplanis et la bonne intelligence rétablie entre nous, je mettrais présentement toute mon application à la cultiver et à en resserrer les nœuds; que je saisirais avec empressement toutes les occasions pour contribuer à sa satisfaction et à l'avancement de ses intérêts et ceux de sa maison, dans l'Empire aussi bien qu'au dehors; que j'étais prêt à me concerter confidemment avec Sa Majesté sur ces objets; enfin, que je n'épargnerais rien pour la convaincre de la sincérité et de la persévérance de ces sentiments, et que je m'en ferais une étude sérieuse, ne doutant point qu'elle n'y répondît par un parfait retour et ne me rendît confiance pour confiance ; à quoi le sieur de Klinggræffen pourra ajouter les compliments accoutumés en pareille rencontre relativement à sa personne.

4° La coutume de la cour de Dresde étant que les ministres étrangers, après l'audience du roi de Pologne, en prennent encore de la Reine et de toute la maison royale, le sieur de Klinggræffen s'y conformera et n'oubliera point de faire dans ces audiences, qu'il prendra de même que celle du roi de Pologne sans aucune cérémonie, les protestations les plus convenables de mon estime parfaite et de ma considération distinguée pour la Reine et de ma véritable et constante amitié au Prince Électoral, aussi bien qu'aux Princes ses frères et aux Princesses ses sœurs.

5° Ces cérémonies achevées, le sieur de Klinggræffen s'appliquera avant toute autre chose à bien connaître la carte du pays de la cour où il va, et à se former de justes idées du degré d'influence et de crédit de chacun des ministres et d'autres personnes qui y sont employés. Le comte de Brühl étant celui dont la faveur paraît jusqu'ici se soutenir comme la plus forte et la mieux assurée, le sieur de Klinggraeffen fera son possible pour gagner son amitié et même sa confiance; et comme il est à présumer que ledit comte aura de la peine à la lui donner, tant qu'il se doutera que, le regardant avec raison comme le principal promoteur des dernières brouilleries, il me reste encore une<14> dent contre lui, le sieur de Klinggræffen n'épargnera rien pour déraciner ce doute, et il assurera le comte de Brühl que j'ai passé l'éponge sur tout ce qui s'est passé pendant la dernière campagne; que bien loin d'en garder le moindre ressentiment, je lui offrais de nouveau mon estime, et qu'il me trouverait toujours disposé à lui en donner des marques, mais que j'espérais aussi qu'il emploierait désormais son ministère et son crédit à cimenter la bonne harmonie qui venait d'être heureusement rétablie entre les deux cours et dont la conservation et l'affermissement devait faire un des principaux objets des soins et de l'attention de chaque fidèle serviteur et ministre bien intentionné pour les intérêts réciproques de nos deux maisons royales et électorales, qui se trouveraient toujours bien d'une étroite union.

6° Le sieur de Klinggræffen ne négligera non plus de se mettre bien dans l'esprit des autres ministres de la cour de Dresde, particulièrement dans celui du père Guarini et du comte de Hennicke, dont le dernier, pendant la crise qui a précédé la paix, a paru fort bien intentionné pour mes intérêts et pour la bonne intelligence entre le Roi son maître et moi : dispositions que le sieur de Klinggræffen ne manquera pas de cultiver et de fortifier, en assurant ce ministre de mon estime et de ma bienveillance.

7° Il tâchera encore d'entrer en liaisons d'amitié avec les ministres polonais qui se trouveront à Dresde, afin de pénétrer par leur moyen les vues de la cour de Saxe par rapport à la Pologne, si elle continue de travailler au projet d'assurer à la maison de Saxe la succession de cette couronne, et quelles mesures elle prend pour cet effet. Il ne fera pas mal de les assurer dans l'occasion de mon amitié inaltérable pour la République, de mon désir sincère de vivre avec elle dans la plus parfaite intelligence, et de remplir à son égard tous les devoirs d'un fidèle allié et d'un bon voisin, de mon attachement invariable pour ses intérêts, de ma constante attention au maintien de sa constitution et de ses droits et priviléges, et de mon estime distinguée pour la nation polonaise. Mais il faut que toutes ces protestations se fassent sans affectation et sans y rien glisser que la cour de Saxe puisse interpréter comme si je cherchais de prévenir les Polonais contre elle, ou dont la cour de Russie ait sujet de se trouver choquée. Il observera en général d'user d'une grande circonspection dans ses entretiens avec les ministres de Pologne, et de ne se fier à eux qu'à bonnes enseignes et lorsqu'il aura des preuves convaincantes de leur sincérité, quand même d'ailleurs ils s'épancheraient en plaintes contre leur cour, ces plaintes n'étant souvent qu'un piége pour tirer les vers du nez de ceux à qui ils ont affaire, et pour les engager à des ouvertures dont ils manquent rarement de faire un mauvais usage.

8° A l'égard des ministres étrangers qui se trouvent à Dresde, comme je suis présentement en paix et amitié avec tout le monde, le sieur de Klinggræffen les traitera tous avec une politesse égale et leur<15> témoignera toutes les attentions et tous les égards que la bienséance et l'usage demandent. Et encore que pendant les derniers troubles le comte de Bestushew n'ait manifesté que trop sa mauvaise volonté contre moi, le sieur de Klinggraeffen ne laissera pas de le dissimuler et d'entretenir avec lui une feinte cordialité, comme avec le ministre de la puissance sur l'amitié et l'alliance de laquelle je comptais avec le plus de certitude, en lui prodiguant de temps en temps les protestations les plus énergiques de mon estime pour sa souveraine et de mon attachement inaltérable pour sa personne et pour ses intérêts. Il tâchera de même de lier et d'entretenir un commerce d'amitié avec le ministre de la cour de Vienne et évitera soigneusement de ne lui laisser entrevoir aucune défiance ni jalousie, sans se fier néanmoins tout-à-fait à lui et sans oublier de bien éclairer toutes ses démarches. A l'égard du ministre de France, le sieur de Klinggræffen se bornera à un simple commerce de politesse, sans chercher ni prendre avec lui des liaisons particulières. Il ne manquera pas, à la vérité, de l'assurer dans l'occasion de ma constante amitié pour la France et de mon attention à entretenir sans interruption et à cultiver de mon mieux la bonne intelligence où j'avais la satisfaction de vivre avec cette couronne, mais il aura soin de ne faire ces sortes de protestations qu'en termes vagues et généraux, et qui ne soient pas sujets à des interprétations propres à faire naître des soupçons. Il en usera avec moins de réserve à l'égard des ministres des Puissances maritimes, auxquels il pourra donner de plus fortes assurances de mon estime pour leurs maîtres et de mon attachement à leurs intérêts; mais il tâchera de lier une amitié étroite avec le ministre de Suède15-1 et lui donnera entièrement sa confiance, ses bonnes intentions pour mes intérêts m'étant pleinement connues. Aussi le sieur de Klinggræffen ne manquera-t-il pas de lui faire part de cet article, en tant qu'il le regarde, et de l'asurer de mon affection et de mon estime pour sa personne.

9° Le dernier traité de paix ayant déterminé ma position à l'égard de la Saxe et devant servir de règle dans les contestations qui pourraient survenir entre nous, le sieur de Klinggræffen trouvera ci-joint copie dudit traité, de même que du cartel de l'an 1741 qui y est renouvelé et confirmé, et il veillera à ce que ces dispositions s'observent fidèlement du côté de la Saxe et que les engagements auxquels on n'a pas encore satisfait jusqu'ici s'accomplissent incessamment.

10° Telle est la disposition de l'article 7 du traité de paix, touchant le troc de Fürstenberg et de Schidlo contre un équivalent. Le terme de six semaines qui y est stipulé pour la nomination des commissaires, va expirer en peu de jours. J'ai déjà nommé les miens et les ai munis des instructions nécessaires. Le sieur de Klinggræffen les trouvera à la suite de la présente, et elles le mettront au fait de mes intentions.<16> Il ne manquera point de les seconder de toutes ses forces à la cour de Dresde et d'employer tout son savoir-faire pour la porter à finir l'affaire sans retard et à la régler conformément à mes désirs. Pour cet effet, on aura soin de lui communiquer successivement les ordres qui seront envoyés dans la suite à mes commissaires.

11° Le contenu du premier article du traité lui fournira occasion de proposer à la cour de Dresde de donner des ordres précis à ses ministres à la Diète et aux cours d'Allemagne de communiquer confidemment et de faire cause commune avec les miens en tout ce qui regarde les intérêts des deux maisons et les affaires générales de l'Empire, les miens ayant déjà reçu à ce sujet les instructions nécessaires et étant chargés expressément de se concerter avec cordialité et sincérité avec ceux de Saxe sur tout ce qui est capable d'avancer nos intérêts et avantages communs et mutuels dans l'Empire. Il s'appliquera surtout à pénétrer les idées et les sentiments du ministère saxon par rapport aux conjonctures présentes, et principalement de quelle façon il voudra s'expliquer à la Diète sur le chapitre des mesures que l'Empire doit prendre pour assurer la sûreté publique; matière sur laquelle la cour de Vienne se donne maintenant des mouvements d'une vivacité extraordinaire, et remue ciel et terre pour la faire décider suivant ses désirs. Comme il est à présumer que les ministres saxons voudront à leur tour savoir mes idées sur ces matières, le sieur Klinggræffen, au cas qu'on les lui demande, répondra avec franchise qu'il avait ordre de leur faire connaître que j'étais d'opinion qu'il était bon et nécessaire que les États de l'Empire prissent des mesures pour leur défense commune et se missent en état de se faire respecter; que cependant, vu la situation des affaires présentes et des Princes et Cercles limitrophes de la France, le bien de la patrie commune semblait exiger qu'elle ne sortît point des bornes d'une exacte neutralité, tant qu'il y aurait moyen de la conserver, ni ne se mêlât sans nécessité de la guerre présente, étant certain que de quelque manière que tournassent les événements, il n'y avait rien à gagner pour l'Allemagne, mais beaucoup à perdre; mais qu'au cas que l'Empire fût attaqué dans ses limites, mon avis était qu'il fallait alors unir toutes ses forces et prendre les mesures les plus vigoureuses pour se défendre contre tout agresseur; que je me flattais que Sa Majesté Polonaise penserait de même et s'expliquerait en conséquence dans les délibérations de la Diète, d'autant plus que la plupart des États d'Allemagne, particulièrement ceux des Cercles limitrophes, hormis la cour de Mayence et quelques princes ecclésiastiques, moins intéressés au salut et à la conservation de leurs États que les séculiers, paraissaient être dans les mêmes sentiments et éviter avec soin tous les engagements incompatibles avec la neutralité. Supposé que les ministres de Saxe poussent la curiosité plus loin, et qu'ils lui demandent quel système j'entends choisir désormais relativement au reste des affaires de l'Europe, il leur fera entendre qu'ayant eu le bonheur de rendre le repos à l'Aile<17>magne et à mes États, je n'avais point d'autre but que d'en jouir, d'entretenir une parfaite intelligence et une amitié sincère et cordiale avec tous mes voisins, de n'offenser ni n'attaquer personne, mais de me tenir constamment en état de ne pouvoir l'être impunément, de concentrer tous mes soins à l'affermissement de la tranquillité dans l'Empire et de contribuer même ce qui dépend de moi à la rendre générale.

12° L'impératrice-reine de Hongrie s'étant engagée par l'article 7 de son traité de paix de me faire accorder par l'Empereur son époux toutes les prérogatives, avantages, priviléges et droits qu'il a accordés aux deux sérénissimes maisons électorales de Saxe et d'Hanovre, le sieur de Klinggræffen priera les ministres de Dresde de me communiquer confidemment les points dont leur cour est convenue avec celle de Vienne relativement à l'élection de Francfort, principalement sur ce qui regarde le cérémoniel pour la correspondance avec l'Empereur, aussi bien que par rapport à l'investiture. Il y ajoutera que s'agissant de maintenir les prééminences du Collége Électoral et surtout les honneurs dus aux Électeurs couronnés, je me flattais que Sa Majesté Polonaise n'hésiterait point de faire cause commune avec moi et d'insister fort et ferme à ce que le nouvel Empereur nous accordât à l'un et l'autre les mêmes courtoisies dans les expéditions de la chancellerie de l'Empire, aussi bien que dans les lettres de cabinet, que nous avions reçues de feu l'empereur Charles VII, et qu'à l'égard de l'investiture il nous dispensât de faire excuser l'absence, ainsi que de quelques autres cérémonies humiliantes, et qu'il nous la conférât dans ce qu'on appelle la Retirada, précisément sur le même pied que la maison d'Autriche l'a stipulée en sa faveur; que Sa Majesté Britannique ayant à cet égard un intérêt commun avec le nôtre, je ne doutais point qu'elle ne se joignît à nous et n'appuyât nos demandes, et que Sa Majesté Polonaise m'obligerait sensiblement, si elle voulait faire proposer et recommander la chose à Londres et à Hanovre, ainsi que je ferais aussi de mon côté ; qu'il serait même à souhaiter qu'on concertât toutes les démarches qu'il convenait de faire relativement à ce chapitre et qu'on n'y fît aucun pas que conjointement.

13° Comme le mauvais usage que la cour de Mayence a fait depuis quelque temps de son directoire dans les assemblées de l'Empire, a donné lieu à quantité de murmures et de plaintes de la part de plusieurs membres du Corps Germanique, et porte en effet un préjudice très notable à leurs droits et principalement à ceux du Collége Électoral, le sieur de Klinggræffen ne négligera pas de sonder sur cette matière les ministres de Saxe et de les prier de ma part de songer aux moyens de redresser cet abus et de mettre de justes bornes aux fonctions du directoire de Mayence, aussi bien que d'ordonner à leur ministre à la Diète de se concerter avec le mien sur les démarches qu'il convenait de faire pour cet effet.

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14° Le sieur de Klinggræffen n'ignore pas les mouvements que la nomination du prince de Schaffgotsch à la coadjutorerie de Breslau a excite's à la cour de Rome. Comme toutes les tentatives que j'ai faites jusqu'ici pour rectifier cette cour là-dessus, ont été infructueuses, et que l'affaire me tient extrêmement à cœur, il emploiera tout son savoirfaire pour engager la cour de Saxe à s'y intéresser et à interposer son crédit à celle de Rome pour la faire désister de son opposition et pour en obtenir les bulles nécessaires au Coadjuteur. Je suis persuadé que, si Sa Majesté Polonaise veut s'entremettre sérieusement dans cette affaire et faire agir en sa faveur son protecteur à Rome, le cardinal Albani, le Pape ne manquera pas de plier et de se rendre à mes désirs, d'autant plus que son propre intérêt semble exiger cette complaisance, puisqu'il est évident que toutes les oppositions de Rome ne m'empêcheront pas, le cas existant, de mettre le Coadjuteur dans la possession du temporel de l'évêché, ni ne m'obligeront à donner mon agrément à celui que le Pape voudrait y substituer pour le spirituel, et que la confusion et les suites qui en pourraient résulter ne peuvent être que très préjudiciables à la religion romaine en Silésie; considération que le sieur de Klinggræffen ne fera pas mal d'insinuer dans l'occasion, mais seulement en guise de ses propres réflexions et sans m'y commettre en aucune façon, au père Guarini et au Nonce même, en témoignant surtout au dernier que je serais reconnaissant dans l'occasion de l'attention que la cour de Rome aurait pour moi dans cette affaire et que la religion catholique dans mes États s'en ressentirait par les marques essentielles que je lui donnerais de ma protection et de ma bienveillance. Il recommandera surtout la chose fortement au comte de Brühl, en lui faisant entendre que, comme il n'en coûterait à Sa Majesté Polonaise que de bons offices et qu'elle n'en recevait ni n'en pourrait recevoir le moindre préjudice, je me flattais qu'elle ne me refuserait point cette complaisance, et que je ne laisserais point de l'envisager comme une marque essentielle de son amitié et de m'étudier de trouver des occasions pour lui en témoigner ma reconnaissance.

15° Il serait superflu de recommander au sieur de Klinggræffen d'éclairer de près la conduite et les menées de tous les ministres étrangers qui se trouvent à Dresde, et de ne rien épargner pour approfondir leurs commissions, cela faisant une partie essentielle de la sienne. Il est bon toutefois de lui marquer quelques-uns des principaux points où il doit attacher son attention. C'est pour découvrir par exemple le véritable objet du séjour et des négociations du comte de Harrach, n'étant pas vraisemblable qu'un ministre revêtu d'une charge comme la sienne, qui paraît exiger absolument sa présence à Vienne, s'en éloigne pour si longtemps sans un sujet très important. Le sieur de Klinggræffen s'informera donc sous main si la négociation de ce ministre ne roule que sur l'indemnisation que la cour de Saxe prétend de celle de Vienne, ou s'il s'agit, ainsi que bien des gens le présument, et même<19> avec beaucoup de vraisemblance, de former une nouvelle triple alliance avec la Russie; si l'affaire doit se conclure à Saint-Pétersbourg ou avec le ministre russien à Dresde, ou si l'on a mis sur pied avec ce dernier quelque autre négociation qui fût préjudiciable à mes intérêts; s'il y a quelque traité de subsides sur le tapis avec les Puissances maritimes; quels mouvements le ministre de France se donne et quelles propositions il pourra faire pour traverser et rompre ces différentes négociations, et jusqu'à quel point elles sont avancées.

16° Le sieur de Klinggræffen s'étudiera surtout à pénétrer le système et le plan de conduite que la cour de Dresde, depuis le rétablissement de la paix, se propose de suivre par rapport aux affaires générales de l'Europe, soit relativement à l'Empire ou à celles du dehors; de quelle façon elle pense sur l'article de la cour de Vienne, si les désagréments qu'elle vient d'essuyer en suite de son alliance avec les Autrichiens, et le peu de fruit qu'elle a recueilli de celle de la Russie, ne la rebutent et ne la dégoûtent point de ces liaisons, et si malgré l'expérience elle ne laisse pas de persister constamment dans ces liaisons et de s'y rembarquer de nouveau; ou si elle tournera ses vues du côté de la France et prêtera l'oreille aux propositions que cette couronne ne manquera vraisemblablement pas de lui faire, ou bien si elle prendra le parti d'attacher son salut et sa sûreté aux Puissances maritimes et de se jeter tout-à-fait entre leurs bras; si elle abandonnera alors ses troupes à leur entière disposition contre des subsides, ou bien si elle voudra en limiter la destination; enfin, quels subsides ou autres avantages elle pensera à stipuler contre un pareil sacrifice.

17 ° Il ne s'appliquera pas moins à se former des idées justes sur les forces et les ressources du pays, jusqu'à quel point va l'affaiblissement que lui a causé la dernière guerre, quels remèdes on choisira et quels arrangements on prendra pour rétablir les finances et pour soutenir le crédit, si l'on congédiera une partie des troupes et surtout celles qu'on a levées durant la guerre, ou si l'on voudra en conserver du moins le pied, et de quels moyens on s'avisera pour pourvoir à leur entretien. Enfin, il portera son attention sur toutes les opérations qui se feront dans les différentes branches du gouvernement de la Saxe, soit par rapport au militaire ou au civil, de même que relativement au commerce et aux manufactures.19-1

18° Il ne négligera non plus de s'informer exactement de ce qui se passe à la cour, des intrigues qui s'y forment et de leurs succès, du degré du crédit qu'obtiennent ou conservent ceux qui aspirent à la confiance du maître, et particulièrement de celui de la Reine, du père Guarini et du comte de Brühl; en un mot, de tous les phénomènes<20> qu'on y verra paraître et qui intéressent mon attention ou ma curiosité; à quoi il se servira des canaux que je lui ai indiqués de bouche.20-1

Federic.

H. Comte de Podewils. C. W. Borcke.

Nach dem Concept.



15-1 Wulfwenstjerna. Vergl. Bd. IV, 337. 385.

19-1 Von Podewils Hand ist in dem Concepte vermerkt: „Se. Königl. Majestät haben auf das Mundum mit eigner Hand bei diesem Articul gesetzet: C'est sur quoi je suis en état de lui donner autant de lumières qu'il en trouvera à Dresde.“

20-1 Sechs weitere Artikel enthalten Vorschriften für den geschäftlichen Verkehr des Gesandten mit dem Cabinet und dem Ministerium.