2163. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 1er mars 1746.

Mon cher Podewils. J'ai reçu vos deux lettres avec le détail de la conversation que vous avez eue avec le sieur Villiers. Cela ne m'aurait point tiré de mon incertitude ni de mon embarras, si je n'avais reçu une dépêche d'Andrié par laquelle il marque positivement la fuite du Prétendant et la dissipation de ses troupes.

Nous ne risquons donc rien dans le moment présent de promettre de tenir prêt notre contingent pour être transporté en Angleterre en cas de besoin, mais il faut absolument faire comprendre au sieur Villiers que jamais nous ne nous laisserions entraîner à donner ce secours dans les Pays-Bas.

N'avez-vous pas remarqué beaucoup de sophismes dans les discours du sieur Villiers? Il dit que l'Angleterre ne s'intéresserait pour aucune des garanties auxquelles elle s'est engagée par le traité d'Hanovre, si nous ne lui donnions des troupes a présent. Pourquoi ne ditesvous pas à Villiers que, depuis le traité d'Hanovre, nous avons réclamé l'assistance de l'Angleterre, lorsque les Autrichiens et Saxons voulaient attaquer mes pays héréditaires, et la réponse que nous en avons reçue?<38> Pourquoi ne nous ont-ils pas promis alors quelque espèce de secours? Car, dans ce cas-là, rien ne pourrait me dispenser de les assister de toutes mes forces. Enfin, comme selon toutes les apparences il ne s'agit à présent de rien moins que d'une assistance réelle, mais d'une simple ostentation, je puis condescendre à leurs fantaisies, toutefois en leur faisant sentir qu'en cas de ma propre défense et de la rupture des Russes je ne donnerai de troupes à personne, et leur demander ce qu'ils feraient pour moi et comment ils voudront m'assister .

Que d'embarras! que d'inquiétudes! et que de perfidies dans le monde! Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.