2348. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 20 septembre 1746.

J'ai reçu votre relation en date du 9 de ce mois. Si le marquis d'Argenson regarde les affaires d'Italie comme perdues pour la France et l'Espagne, je crois qu'il ne se trompe guère, et je commence d'être moi-même du sentiment que les Anglais gagneront du terrain à la cour de Madrid, et que le roi Ferdinand pourra échapper aux Français. Je me promets d'ailleurs fort peu de chose du congrès de Breda, par la raison que, si l'intention de la cour de Londres pour parvenir à une paix avait été sincère, elle n'aurait jamais invité celle de Vienne d'y envoyer ses ministres. Je suis encore fort content de la réponse que vous avez donnée au marquis d'Argenson, lorsqu'il vous a parlé de la neutralité de l'Empire; si l'occasion s'y présente, vous devez lui réitérer force protestations d'amitie que j'avais pour la France, et que je ferai même tout ce qui me serait possible, et autant qu'il convenait à ma situation présente, pour conserver la neutralité de l'Empire dans la guerre présente, mais que je lui donnais à considérer que, nonobstant que je sois supérieur de forces et de pays à bien d'autres États de l'Empire, je n'avais cependant à la Diète qu'une seule voix à donner, et que les résolutions de la Diète de l'Empire se prenaient selon la pluralité des voix; qu'en conséquence je craignais fort que les Anglais avec les Autrichiens ne se rendissent, à la fin, maîtres des décisions des États de l'Empire, si les Français ne travaillaient de leur mieux à se faire encore d'autres amis que moi parmi les princes de l'Empire, pour en contrebalancer le parti contraire et pour gagner la supériorité à la Diète.

Federic.

Nach dem Concept.