2390. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION COMTE DE FINCKENSTEIN A STOCKHOLM.

Potsdam, 30 octobre 1746.

J'ai reçu votre relation en date du 18 de ce mois. Comme je vous ai fait déjà amplement instruire par mes ministres du département des affaires étrangères sur mes intentions concernant la conclusion de mon alliance avec la Suède, je veux pourtant bien vous récapituler les points principaux auxquels vous devez avoir toute l'attention imaginable, savoir que, quoique je ne sois point du tout contraire qu'on laisse dans le traité de notre alliance une porte ouverte à la France pour y pouvoir accéder, quand cela paraîtra convenable, il faut cependant absolument que cela soit stipulé en des termes fort généraux et sans qu'on y fasse une mention particulière de la France. Si l'on voulait faire autrement, je risquerais de m'en attirer des affaires et de brouiller mon système d'à présent, ce qui ne me convient point, surtout dans la présente crise des affaires. Il faut d'ailleurs que le traité soit couché avec tout le ménagement possible à l'égard de la Russie, pour éviter toute sorte d'embarras.

Au surplus, quelque sottise que l'ambassadeur de Russie, Korff, commette durant la Diète, je veux cependant que vous conserviez tout le ménagement imaginable avec lui. Quant à Lubras,220-1 je vous le garantis pour l'homme le plus double et le plus traître qui vit au monde, et qui vous trompera, lorsque vous vous y fiez; j'ai appris à le connaître du temps qu'il fut à Potsdam,220-2 et cela en quelque façon à mes dépens, malgré la circonspection dont j'usais à son égard. Vous me dites de faire presser la cour de France pour qu'elle s'explique promptement sur la quantité des subsides qu'elle destine à la Suède; je ferai ce que je pourrai, mais l'affaire n'est pas si aisée qu'on paraît le croire, par plusieurs raisons, que je ne saurais expliquer présentement.

Federic.

Nach dem Concept.



220-1 Der Vorgänger Korff's, der jetzt nach Russland zurückging. „Ce ministre désapprouve absolument la façon d'agir de son successeur“ , berichtet Finckenstein, „il a dit à plusieurs personnes qu'il dirait la vérité à son retour et qu'il se servirait de tout son crédit pour faire connaître à sa souveraine bien des particularités qu'on lui avait cachées.“

220-2 Vergl. Bd. III, 200.