2422. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 19 novembre 1746.

La dépêche que vous m'avez faite en date du 1er de ce mois, m'a été bien rendue. La nouvelle marque que le comte Woronzow vient de me donner de son amitié véritable, en me faisant avertir par vous des bruits qu'on avait disséminés encore, comme si je méditais de nouveau quelque entreprise contre la reine de Hongrie en faveur de la France, m'a fait infiniment de plaisir; aussi l'en remercierez-vous de ma part, de la manière la plus obligeante que vous sauriez l'imaginer, en ajoutant cependant qu'il n'y avait rien de plus faux et de plus controuvé que ces bruits-là, et que je n'avais pensé pour un moment ni à rompre de nouveau avec l'Impératrice-Reine, ni à faire marcher un seul soldat, soit au pays de Clèves, soit en Prusse; que c'était une chose connue à tout le monde que je ne faisais pas la moindre disposition à cela, et que lui, comte de Woronzow, pouvait être assuré que mon intention n'était autre que de vivre en paix et tranquillité avec tous mes voisins; qu'au surplus, je lui donnais encore une fois ma parole que, supposé le cas que les circonstances deviendraient telles que je me verrais nécessité à entreprendre quelque chose sur l'Impératrice-Reine, j'en ferais moi-même avertir alors de fort bonne heure lui, comte Woronzow, afin d'aviser là-dessus avec lui, mais que je le faisais assurer encore une fois de la manière la plus positive que je n'avais aucun dessein à rompre avec cette Princesse, ni n'avais aucune raison à le faire; qu'il pouvait compter là-dessus et donner hardiment le démenti à qui que soit qui voulût lui insinuer le contraire. Vous devez vous expliquer bien positivement, sur tout ce que dessus, au comte de Woronzow, et quant à vous, je vous autorise de traiter publiquement les bruits susmentionnés pour faux et controuvés, aussi souvent qu'on vous en parlera.

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J'ai été bien aise d'apprendre que le dessein de l'envoi des galères russiennes à Helsingfors est encore allé en fumée; c'est ce qui contribuera encore beaucoup à affermir la supériorité que le bon parti en Suède a gagnée sur les autres. Au reste, mes ministres du département des affaires étrangères vous feront communiquer à chaque jour de poste ordinaire ce qui nous revient tant par rapport à la Diète de Suède qu'à celle en Pologne.

Le baron de Mardefeld vient de me donner une lettre de mon capitaine de Stackelberg, que celui-ci lui a donnée au départ de l'autre, pour me la faire tenir à son arrivée ici. Ce capitaine se plaint beaucoup de ce que la cour de Pétersbourg non seulement lui avait refusé le passe-port pour pouvoir retourner à son régiment, mais qu'on l'avait même obligé à venir à Pétersbourg, où il était depuis trois mois, en lui cherchant noise sur des affaires de peu ou point d'importance, et qui en partie avaient été déjà finies l'an 1739. Il me prie instamment d'intercéder pour lui, afin qu'il obtienne la liberté de retourner à son régiment. Mon intention est que vous en deviez parler au comte Woronzow et tâcher de le disposer à protéger ce capitaine, pour qu'il puisse retourner sans plus de délai à son régiment. Vous ne devez rien oublier pour y contribuer et me marquer comment ledit comte s'expliquera à cet égard-là.

Federic.

Nach dem Concept.