2465. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION COMTE DE FINCKENSTEIN A STOCKHOLM.

Berlin, 20 décembre 1746.

J'ai bien reçu la relation que vous m'avez faite en date du 6 de ce mois. La conduite que vous avez tenue relativement aux instructions que l'ambassadeur de France, le comte de Lanmary, a reçues de sa cour par un courrier, a été si sage et si sensée que j'en suis extrêmement satisfait, et j'ai tout lieu à être content de la pénétration et du bon jugement que vous avez fait paraître, ayant si bien rencontré ma façon de penser sur la proposition de la cour de France touchant la triple alliance qu'elle prend à tâche de faire entre elle, la Suède et moi, que vous m'avez, pour ainsi dire, prévenu de tout ce que je pouvais vous dire à ce sujet-là. Comme vous aurez reçu à présent les dépêches que je vous ai faites relativement à cette affaire, je m'y réfère simplement. Je laisse à votre discrétion s'il ne ferait quelque impression sur l'esprit des Suédois, pour accélérer la conclusion de l'alliance avec moi,<271> si vous insinuiez par ci par là à vos amis, quoiqu'avec beaucoup d'adresse, de douceur et de politesse, que la grande question était encore si la nation suédoise n'avait bien plus d'avantages que moi par l'alliance en question, et, quand même l'on ne la regardait que comme une affaire d'ostentation, la Suède en tirerait toujours imcomparablement plus d'avantages que moi. Ma sœur, la Princesse Royale, vient de m'écrire que l'affaire de l'alliance avec moi ne souffrirait aucune difficulté, pourvu que les Suédois puissent trouver à acheter en mon pays les provisions de blés qu'ils sont obligés d'ailleurs de prendre chez les Russes. A cela je vous dis que je ne puis point le promettre pour l'année où nous sommes, la dernière récolte ayant été si mince et si mauvaise dans nos contrées que le prix des grains s'est fort haussé; mais s'il s'agit des années qui viennent, et que les Suédois veuillent acheter chez nous les provisions de grains dont ils peuvent avoir besoin, je puis faire tels arrangements qu'ils pourront toujours trouver chez nous les provisions qu'il leur faudra.

Federic.

Nach dem Concept.