2567. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 14 mars 1747.

La dépêche que vous m'avez faite le 4 de ce mois, vient de m'être rendue. Je conçois parfaitement la difficulté qu'il y a pour bien pénétrer les vrais sujets des fréquents envois de courriers entre les cours de Pétersbourg et de Vienne; j'ai cependant mes raisons à croire que cette correspondance roule principalement sur l'envoi d'un corps de 30,000 Russiens qu'on veut faire marcher au secours de la reine de Hongrie et que l'Angleterre veut prendre à sa solde. B se peut d'ailleurs fort bien que les caresses que vous mandez qu'on fait au comte de Brühl, soient relatives à l'accession du roi de Pologne au traité d'alliance fait entre les cours de Pétersbourg et de Vienne, et outre cela je ne disputerais pas qu'on n'y traitât encore sur des arrangements à faire entre ces deux cours pour s'opposer aux entreprises que les Turcs avec les Persans voudraient former contre l'une ou l'autre de ces deux cours-là. Mais comme la cour de Dresde a eu depuis quelque temps une démangeaison extrême de faire le médiateur entre les parties à présent belligérantes, et qu'il est avéré à présent, par l'aveu que les<342> ministres saxons à Dresde en ont fait eux-mêmes, que le sieur Saul a été incognito à Vienne,342-1 vous devez être très attentif afin de bien approfondir les vrais sujets de tant de différentes courses et envois de courriers, afin de pouvoir me mander ce que vous en aurez pénétré.

J'ai été fort content de la manière dont vous vous êtes pris pour insinuer au prince d'Elbeuf tout ce dont vous êtes chargé à ce sujet; aussi continuerez-vous d'entretenir soigneusement ce Prince dans les sentiments qu'il me témoigne, afin de me concilier moyennant son entremise l'amitié et la confiance de l'Empereur; car, malgré le peu de pouvoir que celui-ci paraît avoir à présent, son amitié me sera toujours chère et les occasions ne sauraient guère manquer d'arriver où j'en pourrai recueillir des fruits. Au reste, j'approuve fort le présent de cent florins que vous avez fait à votre homme de confiance, et le sieur Splitgerber vous fera remettre à mon ordre l'argent que vous avez déboursé à ce sujet.

Federic.

Nach dem Concept.



342-1 Vergl. S. 300.