2572. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Potsdam, 18 mars 1747.

Vos deux dépêches du 11 et du 14 de ce mois m'ont été bien rendues. L'avis que j'ai eu que la cour de Vienne continue à caresser beaucoup le comte de Brühl, à qui la reine de Hongrie vient d'envoyer vingt antals de vin de Tokay, outre un passe-port accordé pour quatrevingt autres qu'il fait venir; le chipotage qui est actuellement en grand train sur l'accession de la Saxe au dernier traité d'alliance conclu entre les cours de Vienne et de Pétersbourg; le propos extravagant que ce ministre a tenu à l'ambassadeur de France, qu'il faudrait que la Pologne entrât aussi dans notre traité à faire; son caractère et les sentiments dont il est imbu depuis si longtemps et dont il ne changera pas sans de fort grands motifs — tout cela, pris et considéré ensemble, me fait conclure que je ne me suis point trompé quand je vous ai dit qu'il n'en sera rien de votre négociation sur le traité en question, parceque le comte de Brühl est mon ennemi juré, qui, quand il affecte quelquefois comme s'il voulait se rapprocher, ne cherche qu'à nous amuser et qu'à sauver les apparences, pour ne pas paraître mon ennemi ouvert. Aussi mon intention est-elle que, quand vous vous apercevrez que ce ministre ne cherche qu'à embarrasser votre négociation et qu'à la rendre difficile et ennuyeuse, vous devez plutôt la laisser tomber tout-à-fait que de donner lieu au comte de Brühl de s'imaginer qu'il est assez capable à nous amuser et à nous tromper.

Federic.

Nach dem Concept.