2631. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 9 mai 1747.

Votre dépêche du 22 du mois d'avril dernier m'a été rendue. Je suis fort persuadé que les Autrichiens mettent tout en œuvre pour faire accroire à l'Impératrice que je couve des desseins tant contre le système des alliés contre la France, que contre l'Impératrice même, leur but principal n'étant autre que de me brouiller avec la Russie, et je suis assez informé qu'il n'y a ni artifice ni mensonge ni calomnie que les ministres autrichiens n'emploient pour y réussir. Je suis donc fort satisfait des assurances que vous avez données à l'ami important du contraire; je me persuade même que vous aurez fait usage de ce que je vous ai ordonné, il y a quelque temps,385-1 de lui dire, savoir qu'il devait être assuré que je ne me mêlerais point de la présente guerre contre la France et que je n'avais nul dessein contre la reine de Hongrie, mais que, si contre toute mon attente je me voyais jamais obligé d'agir sérieusement avec la reine de Hongrie, l'ami important pourrait fermement compter qu'avant que de m'y déterminer, je l'en avertirai et prendrai préalablement son avis là-dessus.

Au surplus, je dois vous avertir que j'ai de fort bons avis que, parceque le comte de Keyserlingk, ministre de Russie à ma cour, ne veut pas donner aveuglément dans tous les travers des ministres autrichiens, il y a un concert fait entre le comte Bernes et le général Pretlack pour noircir par toutes sortes d'inventions le comte Keyserlingk à sa cour, en le dépeignant comme un homme inutile, qui sous prétexte de maladies imaginées ne se remue point, et dont la Russie ne saura jamais tirer quelque service réel. Vous ne devez pas manquer d'avertir l'ami important de cette trame, quoique dans la dernière confidence, et vous-même, vous ne devez point faire mention dans vos relations ordinaires de cette particularité, mais uniquement dans celles que vous ferez à mes mains propres.

Federic.

Nach dem Concept.



385-1 Vergl. S. 193. 238.