2676. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 20 juin 1747.

Je viens de recevoir la dépêche que vous m'avez faite du 9 de ce mois. Quoique je ne doute pas de la consternation qu'il y a eu en France lorsque l'on a appris la défaite de l'escadre française par l'amiral anglais An'son,414-1 et que même cet événement pourra un peu déranger les finances de France, il me semble pourtant que les conjectures que vous faites sur toutes les suites fâcheuses qui en doivent résulter sur la France, sont un peu prématurées.

Comme j'ai remarqué, depuis la conclusion de mon alliance avec la Suède, combien les Anglais, les Autrichiens et les Russes ont été extrêmement mortifiés de cette alliance, et que je crois que la bonne politique demande qu'on leur ôte encore les Danois, pour que toute leur mauvaise volonté s'en aille en fumée, j'ai pris la résolution d'en faire une tentative et viens de donner mes ordres à mon chargé d'affaires à la cour de Danemark, de pressentir les ministres si cette cour voudra bien se rapatrier par mon entremise avec la Suède, et si elle voudra bien s'ouvrir confidemment envers moi sur les conditions qu'elle désirait pour rentrer dans une étroite union et harmonie avec la couronne de Suède. Il sera à voir de quelle façon les ministres de Danemark s'expliqueront là-dessus.

En attendant, vous devez avertir le marquis de Puyzieulx de tout ce que je viens de vous dire à ce sujet, en ajoutant que l'avantage que nous avons de l'alliance avec la Suède serait complet si l'on pouvait mettre le Danemark de la partie; qu'aussitôt que j'aurais quelque réponse de la part de la cour de Danemark, je ne laisserai pas de la communiquer d'abord au marquis de Puyzieulx, et que, si elle était telle qu'on en pourrait espérer quelque succès dans une pareille négociation,<415> je le prierais alors de vouloir bien donner ses ordres au ministre de France à Copenhague, pourqu'il appuyât de son mieux cette négociation.

Federic.

Nach dem Concept.



414-1 Bei Finisterre, 14. Mai.