2769. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 23 septembre 1747.

Vos dépêches des 8, 11 et 13 de ce mois m'ont été rendues à la fois. Quoique vous ayez fort bien fait de sonder de plus près le marquis de Puyzieulx sur les bruits qui courent d'une négociation secrète pour la paix entre la France et l'Angleterre, vous ne le devez cependant pas trop presser là-dessus, afin que cela n'ait pas l'air qu'une pareille négociation nous embarrassait. En attendant, vous devez employer tout votre savoir-faire pour apprendre sous main tout ce qui se passe à cet égard, et quelles peuvent être les intentions de la France.

Puisque le marquis de Puyzieulx m'a voulu encore reprocher de l'indiscrétion, dans le dernier entretien qu'il a eu avec vous relativement à sa négociation avec la Saxe, vous devez lui donner à entendre, à la première occasion que vous trouverez, que je ne saurais que d'être fort piqué de ce qu'en toutes les occurrences il me soupçonnait tantôt de duplicité tantôt d'indiscrétion; c'était pourquoi je le faisais prier que, pour finir une bonne fois ces soupçons, il ne voulût plus me faire de confidences sur tout ce qui avait du rapport aux affaires de Saxe,<483> puisque sans cela les reproches d'indiscrétion ne finiraient jamais, et que les ministres saxons, lorsqu'ils avaient fait échapper eux-mêmes leur secret, auraient toujours l'adresse d'inspirer à la France que c'était moi qui avait manqué de discrétion; aussi, quand le marquis de Puyzieulx voudrait vous faire de pareilles confidences, vous devez l'entendre d'un air indifférent et froid, en lui alléguant tout ce que je viens de vous dire.

Pour ce qui regarde l'affaire du Danemark avec la Suède, je suis du même sentiment que le marquis de Puyzieulx que cette négociation n'aura pas le succès que nous en désirons; j'estime cependant qu'il sera toujours bon de continuer à négocier là-dessus, afin de retenir au moins par là le Danemark de ne pas se trop embarquer avec la Russie et ses alliés.

Federic.

Nach dem Concept.