2850. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Potsdam, 27 novembre 1747.

La dépêche que vous m'avez faite du 21 de ce mois, m'a été rendue, et la manière adroite avec laquelle vous avez mis la puce à l'oreille au sieur Wilhams, touchant les hypothèques en terres à demander pour la sûreté des sommes que le Roi son maître a avancées à celui de Pologne, m'a fait plaisir. Vous continuerez à cultiver de la même façon que jusqu'ici la confiance de ce ministre, puisqu'il est sûr que vous saurez tirer de bons avertissements à plusieurs égards, que nous ignorerions sans lui. Quant aux confidences que l'on a faites à la comtesse Rœder,533-1 comme si le roi de Pologne tâchait à servir la France à la cour de Vienne, je compte tout cela pour des babils qui ne méritent pas qu'on y fasse attention; ce n'est point la cour de Vienne qui règlera les conditions de la paix à faire, mais ce sont les Anglais qui en conviendront avec la France, dès qu'ils trouveront qu'il en sera temps.

La façon dont le comte de Hennicke s'est expliqué sur la disposition de l'article 11 du traité de la paix de Dresde,533-2 savoir que cet article ne saurait s'étendre plus loin que sur ceux de mes sujets qui en ce temps-là avaient des billets de la Steuer, ne me paraît pas injuste, et quoiqu'il soit constaté que ceux des miens qui ont eu des billets de la Steuer au temps de la paix de Dresde, doivent être payés préférablement aux autres créanciers de la Steuer — ce que vous soutiendrez énergiquement envers Hennicke — néanmoins je ne trouve pas que ceux de mes sujets qui, après le traité de la paix de Dresde, ont confié nouvellement leur argent à la Steuer, puissent prétendre aux mêmes prérogatives qui ont été stipulées en faveur des autres; aussi aurez-vous bien de la peine à rectifier le comte Hennicke des sentiments qu'il en a. Au reste, ce serait m'outrager que de me soupçonner comme si je pouvais avoir chargé quelqu'un d'acheter sous main des billets de la Steuer pour en<534> tirer mon profit. Aussi, quand vous le trouverez convenable, vous pouvez bien en parler de la sorte aux comtes de Brühl et Hennicke, et m'en faire même un mérite, en ajoutant qu'au contraire j'avais disposé moimême plusieurs personnes qui avaient des sommes considérables à la Steuer et qui avaient été sur le point de l'en retirer, de les y laisser encore, puisque je n'aimais point de voir la Saxe ruinée.

Federic.

Nach dem Concept.



533-1 Vergl. S. 383.

533-2 Vergl. S. 503 Anm. I.