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2901. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 21 janvier 1748.

La dépêche que vous m'avez faite du 10 de ce mois, m'a été fidèlement rendue. Je continue à être toujours du sentiment que les négociations avec l'Espagne à Londres1 aboutiront à peu de chose. Je présume, au contraire, que l'Angleterre ne cherche que d'en amuser la France et l'Espagne jusqu'à ce qu'elle ait les troupes russes à portée, et qu'alors elle plantera toute cette négociation. En outre, je ne saurais point me persuader que l'Espagne voudra s'oublier au point que de se détacher entièrement de la France.

Malgré les raisons que le Nonce peut avoir pour croire que la cour où vous êtes n'a point mis d'obstacle, à Rome, à la confirmation du prince Schaffgotsch à l'évêché de Breslau, je vous soutiens, moi, que ladite cour a du commencement mis tout en œuvre pour traverser cette confirmation, ou du moins la faire traîner au possible. Je sais même qu'elle en a fait gronder, quoique en vain, le Pape, de ce qu'il a pensé favorablement à mon sujet. Si elle s'est ravisée après cela, cela a été apparemment de crainte que, si je ne voyais plus moyen de réussir avec le prince Schaffgotsch, je ne nommasse à sa place quelque Français, dont elle serait encore plus mécontente que dudit prince. Au reste, vous ferez bien de continuer à agir honnêtement et avec douceur avec le Nonce.

Je crois bien que c'est l'idée de la cour de Vienne d'imposer à quelques États de l'Empire par les troupes russes, afin d'entraîner ceuxlà dans la guerre, mais ces troupes seront obligées d'aller aux Pays-Bas pour défendre la Hollande, et d'ailleurs l'on n'aura aucun bon prétexte pour obliger les États à prendre part à la guerre contre leur gré.

Federic.

Nach dem Concept.


2902. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 21 janvier 1748.

Dans la dernière dépêche, que je vous ai faite sur la vôtre du 1er de ce mois, j'avais oublié de vous dire que je vous passe tout ce que vous m'y dites sur la façon peu conséquente dont ceux qui sont au timon des affaires de la France se gouvernent, quoique je croie que vous y avez vu un peu noir. Mais sachez que ce n'est pas particulier à eux seuls, et je puis bien vous dire, moi qui suis assez instruit du détail de ce qui se passe en d'autres cours, qu'on y agit aussi peu conséquemment qu'en France, et qu'il y a du ridicule partout.

Au surplus, je veux bien vous dire, quoique pour votre direction seule, que, quelques bonnes que soient les réflexions que le comte de



1 Vergl. Bd. V, 532. 540. 542. 545. 548. 554.