<13> comme quoi je faisais faire différents mouvements à mes troupes; que je faisais d'ailleurs des préparatifs de guerre et que j'avais arrangé quatre différents campements de mes troupes pour le printemps prochain. Comme je ne doute pas que ces bruits, quelque mal imaginés et quelque controuvés qu'ils soient, n'aient pénétré en Angleterre, je veux bien vous dire pour votre direction qu'après des recherches assez exactes que j'ai fait faire sur leur origine, j'ai découvert que ce sont les Français qui, après n'avoir point pu me disposer à faire des ostentations pour empêcher ou du moins retarder la marche du corps de troupes russes qui ira aux Pays-Bas, se sont avisés de faire naître ces bruits, et que les Saxons se sont prêtés à les faire répandre comme des vérités dont personne ne devrait douter. Vous en parlerez confidemment à milord Chesterfield, et, en le mettant au fait sur ces bruits, vous l'assurerez de ma part dans des termes bien polis qu'il pourrait être assuré que je me tiendrai religieusement à la neutralité que j'avais promise sous la médiation de la Grande-Bretagne par le traité de Dresde; que la marche des troupes russes me touchait d'autant moins que j'avais appris qu'elles ne serviraient qu'aux Pays-Bas pour la défense de la république de Hollande; à quoi vous ajouterez que lui, milord, pourrait sûrement croire que je ne me départirai nullement de ma neutralité et qu'il en pourrait être d'autant plus assuré que, quand même contre toute mon attente le cas devrait arriver où je me verrais absolument forcé de remuer, je l'en ferais avertir alors, préalablement à tous les autres, et que je lui demanderais son conseil là-dessus. Vous ne laisserez pas d'être bien attentif à la manière dont il recevra cette confidence de ma part et à tout ce qu'il vous dira là-dessus, afin de pouvoir m'en faire un rapport bien exact.

Federic.

Nach dem Concept.


2905. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 22 janvier 1748.

J'espère qu'à l'arrivée de la présente dépêche le domestique que vous aviez envoyé à Neisse, vous aura déjà fidèlement rendu le nouveau chiffre que je viens de vous envoyer, avec la dépêche qui y a du rapport et qui vous aura appris les raisons qui m'ont mené à changer de chiffre. Vous observerez que vous ne devez pas vous servir d'autre chiffre pour me mander immédiatement ce qu'il y a d'affaires des plus intéressantes et secrètes que moyennant ce chiffre, et je continuerai même de quatre à quatre mois de vous envoyer un nouveau chiffre, puisque je connais présentement tous les moyens dont la cour de Vienne se sert pour avoir la clef des chiffres dont les ministres des cours étrangères se servent, pourvu que l'on n'en change pas souvent. Quant aux nouvelles d'Angleterre, je ne saurais pas vous en communiquer,