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3119. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A BERLIN.

Potsdam, 19 juin 1748.

Je suis très satisfait de la manière avec laquelle vous vous êtes acquitté de mes ordres auprès du chevalier Legge touchant les menées de la cour de Vienne pour invalider l'article préliminaire qui regarde la garantie de la Silésie en ma faveur et ses vues pour rompre tout ce dont on était convenu jusqu'ici à Aix-la-Chapelle. Je me flatte que ledit chevalier en fera un bon usage et que nous n'avons pas mal fait de lui en faire confidence.

Quant au marquis de Valory, je veux bien vous dire que vous devez lui parler de ces nouvelles seulement par manière d'acquit, sans lui montrer la moindre inquiétude là-dessus, et sans lui donner lieu à soupçonner que nous en fussions en peine.

Au surplus, je suis fâché que le baron de Beckers soit rappelé par sa cour pour être envoyé à Vienne. Nous perdons un ministre qui nous était affectionné, tout-à-fait honnête homme, et que j'ai toujours estimé personnellement. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


3120. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 22 juin 1748.

Je suis très mal satisfait des insinuations que vous avez faites au comte d'Ulfeld touchant la garantie et mon inclusion dans la paix générale, selon que vous le rapportez par votre post-scriptum du 12 de ce mois. Aussi ne sais-je d'où l'ordre vous peut être parvenu pour faire semblable démarche, et je vous défends très expressément d'en dire plus un mot aux ministres autrichiens, puisque, si ladite garantie et inclusion dépendaient du bon vouloir de la cour de Vienne, elles ne se feraient du grand jamais, mais qu'au contraire, si elles ne dépendent point du gré de cette cour, il serait inutile et même nuisible de lui faire des représentations à ce sujet. Cela étant, vous éviterez d'entrer là-dessus dans le moindre petit pourparler avec les ministres autrichiens, et en cas qu'ils fissent eux-mêmes le commencement et qu'ils vous en parlassent les premiers, vous ne ferez alors qu'entendre et vous taire. Tous les arguments que vous pourriez y mettre pour répondre à ce qu'ils vous en diraient, ne serviraient de rien, car une fois la cour de Vienne a toute la mauvaise volonté possible à mon égard, et elle n'aura garde de s'en défaire, quoique d'ailleurs elle ne saura la faire éclater à cause de sa faiblesse et de la garantie que des puissances respectables viennent de stipuler en ma faveur; pour ne pas dire que la cour de Vienne, sachant trop bien par expérience ce que c'est que de commencer une guerre, ne laissera que d'y penser plus d'une fois,