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3133. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Magdebourg, 29 juin 1748.

Mon cher Podewils. Vous aurez vu, par la dépêche que le baron Le Chambrier m'a faite du 17 de ce mois, les bruits fort désavantageux qui courent à la cour de France relativement au mécontentement qu'on m'impute d'avoir de la signature des préliminaires de paix. Quoique je soupçonne les Saxons et les Autrichiens d'avoir pu disséminer ces bruits, pour m'en nuire à la cour de France, cependant, comme les hauts cris que, comme vous savez, le marquis de Valory a jetés contre les préliminaires, et les propos imprudents qu'il a tenus là-dessus,1 peuvent avoir contribué à donner créance à ces bruits préjudiciables qui courent sur mon sujet, je veux qu'à la première occasion que vous aurez de voir M. de Valory, vous lui parliez un peu énergiquement sur ce sujet, en traitant de visions et de controuvés tous ces bruits ridicules, et que vous lui demandiez qu'il en éclaircît sa cour et ne la laissât pas douter plus longtemps sur une chose aussi contraire à mes sentiments que celle-ci. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


3134. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Magdebourg, 29 juin 1748.

J'ai été surpris de voir, par votre dépêche de 17 de ce mois, que les bruits qui courent là où vous êtes d'un prétendu mécontentement que j'avais conçu de la signature des préliminaires de paix, ont pu tellement prendre cours et s'accréditer que même les ministres de France et des personnes sensées et honnêtes y paraissent ajouter foi en quelque manière. Ma façon de penser vous est trop bien connue pour que vous ne dussiez juger par vous-même que ces bruits sont tout-à-fait controuvés et calomnieux, et je ne saurais me figurer autre chose à leur égard si ce n'est que la malice des Saxons les a produits et que ceux du parti autrichien les portent et tâchent de les faire valoir. Je vous autorise donc et vous devez déclarer lesdits bruits faux et malicieusement controuvés, et je veux que vous leur donniez hautement le démenti partout où il en sera besoin, mais vous direz en outre au marquis de Puyzieulx que je prenais véritablement part à ce que le roi de France venait de rendre la paix à l'Europe d'une manière qui lui était d'autant plus glorieuse qu'elle était moins intéressée; que bien loin que j'en eusse jamais témoigné le moindre mécontentement, j'étais pénétré de la plus vive reconnaissance envers Sa Majesté Très Chrétienne de ce qu'elle avait bien voulu m'inclure dans ces préliminaires; qu'en attendant je ne pourrais point lui cacher que c'était le marquis de Valory lui-même qui avait jeté partout de hauts cris contre ces préliminaires, qu'il en avait



1 Vergl. S. 143.