<160>

3139. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 2 juillet 1748.

J'approuve les insinuations que vous me marquez, dans votre postscriptum du 19 du mois de juin dernier, avoir faites à des personnes dont vous pouvez espérer qu'elles les rapporteront aux ministres de la cour de Vienne et à la Reine même. Vous avez agi là-dessus en conséquence de mes intentions, étant constant qu'avec des gens insolents qui ne regardent toutes les complaisances qu'on a pour eux que comme des marques de faiblesse, on ne saurait prendre un meilleur parti que celui d'être fier à son tour envers eux.

Quant à votre rappel, que vous souhaitez d'avoir pour vous procurer le temps de rétablir votre santé délabrée, je ne saurais pas encore vous l'accorder, surtout dans une telle crise des affaires que l'est la présente; mais comme j'irai sur la fin du mois d'août en Silésie, pour y faire les revues ordinaires des régiments qui y sont, et que je pense être à Neisse vers la mi-septembre, je vous y ferai venir et j'aviserai alors avec vous là-dessus.

Je suis content, au reste, de la manière dont vous vous êtes arrangé avec le comte de Harrach au sujet du colonel Krummenau. Vous savez d'ailleurs mes intentions par rapport à ce colonel,1 et en conséquence vous n'aurez qu'à lui remettre son congé par écrit, dès qu'il aura été mis en liberté.

Federic.

P. S.

Il se peut que les prochains changements et les nouveaux arrangements, tant pour les finances que pour le militaire de l'Impératrice-Reine, que vous récitez par votre dépêche du 22 de juin dernier, aient lieu; ils ne me paraissent cependant pas moins intrigués et incertains pour cela. A le bien prendre, je veux croire qu'il y a quelque chose de réel, mais je ne saurais me persuader qu'il en résulte cet immense profit dont on se flatte là où vous êtes, et j'en doute d'autant plus que le génie autrichien est sujet à broder furieusement sur toutes ses affaires. La somme de 16 millions est grande et demande par conséquent beaucoup de sujets contribuables, et en considérant, outre cela, que la cour où vous êtes a été volée de tout temps et qu'elle ne manquera pas de l'être encore, je trouve que ceux par qui elle l'est, même des personnes d'honneur et judicieuses, ne laisseront pas que de rencontrer maint et maint obstacle, avant que de lever les difficultés qui se présentent pour établir et consolider ces nouveaux arrangements, de sorte que je ne vois pas encore comment ils pourront se soutenir. En attendant, je vous saurai gré de l'état général des revenus de l'Impératrice-Reine que vous dites vouloir me faire parvenir.



1 Vergl. S. 129.