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Pour ce qui est du projet selon lequel la cour de Vienne veut mettre son armée sur le pied de 108,000 hommes, sans y comprendre les troupes légères de Hongrie et celles qui sont en Italie et aux Pays-Bas, il me semble être impraticable; car pour passer sous silence les fonds considérables qu'il faudrait pour entretenir et rendre mobile pareil corps de troupes, il ne pourrait point trouver son alogement dans les pays dits héréditaires autrichiens, puisque, quand même on en mettrait 30 à 40,000 hommes en Hongrie, il en resterait encore 68 à 76,000 hommes pour l'Autriche, la Moravie et la Bohême, lesquels ces dernières provinces ne contiendraient qu'à leur totale ruine.

La reine de Hongrie, pour dire ce que j'en pense, me paraît être au moment présent dans la ferveur de ses projets, qui se ralentira sans doute après la conclusion formelle de la paix, qui mettra entièrement fin à la guerre et fera cesser ainsi les subsides qui ont été payés jusqu'ici à ladite Reine par les Puissances maritimes. Ce sera pour lors qu'elle sentira premièrement les douleurs qui lui resteront des maux de la guerre, et ce sentiment de douleurs lui fera apparemment mettre de l'eau dans son vin. Toutefois ne sauriez-vous mieux faire que d'apporter une grande attention de votre part à tout ce qui se passe, là où vous êtes, pour m'en rapporter ce qui parvient à votre connaissance.

Federic.

Nach dem Concept.


3140. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 2 juillet 1748.

C'est avec bien de la satisfaction que j'ai appris par la lettre que vous venez de me faire, que le baron de Mardefeld commence à se rétablir de plus en plus;1 je souhaite que cela continue et que j'aie les mêmes bonnes nouvelles sur le rétablissement de votre santé.

Comme le jeune Pollman m'a écrit la lettre que vous trouverez à la suite de celle-ci, vous le verrez vous-même et le ferez examiner à quoi il est capable et si je puis le placer quelque part pour secrétaire d'ambassade; car de le nommer ministre en second à Ratisbonne, c'est ce que je ne trouve point de ma convenance.

Au surplus, votre neveu, mon ministre à Vienne, venant de m'expliquer par une dépêche à mes mains propres les difficultés qu'il rencontrait à se procurer de bons canaux pour en tirer des lumières,2 et combien la situation où il se trouvait n'était pas comparable avec celle d'un ministre autrichien à ma cour, de façon que même il ne saurait se servir de son secrétaire d'ambassade pour que celui-ci se faufile avec des personnes par lesquelles il puisse être informé de ce qui se passe, puisqu'on le fuyait partout et qu'on lui avait déjà fait dans quelques maisons le compliment qu'on le priait de ménager ses visites, qu'elles



1 Vergl. S. 154.

2 Vergl. S. 136.