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3180. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 30 juillet 1748.

Je n'ai point été surpris, quand j'ai vu par votre relation du 13 de ce mois que les actions de notre soi-dit ami important ont baissé au point qu'il se voit à présent exclus de toute affaire importante de sa cour et qu'il n'ose pas même s'en plaindre à sa souveraine. Cela me confirme plutôt dans l'idée que j'ai toujours eue de son caractère, et tous les maux qu'il ressent aujourd'hui, ne sont que des suites bien naturelles de son extrême faiblesse. Et comme son antagoniste paraît avoir tout-à-fait prévenu sa souveraine contre lui, je crois notre ami sans ressource; au moins ne conçois-je aucun moyen par où il saurait redresser ses affaires. Je suis cependant persuadé que le général Bernes a sa bonne part dans toutes les déboires qu'on lui donne, puisque je sais combien celui-là l'a pris en haine depuis longtemps, l'ayant toujours regardé comme le seul obstacle à ce que l'impératrice de Russie ne se soit pas prêtée plus tôt à toutes les vues de la cour de Vienne, ainsi qu'on n'a point lieu de s'étonner si ledit ami se voit exclus de tout ce qui se brasse aujourd'hui entre le Chancelier et les Autrichiens.

Au surplus, je veux bien vous avertir d'avance que je vous rappellerai de là où vous êtes, plus tôt que vous ne l'auriez cru, le bien de mon service m'obligeant de vous en faire revenir pour vous placer dans le département des affaires étrangères à Berlin. C'est pourquoi vous n'avez qu'à vous arranger peu à peu là-dessus, sans cependant le faire remarquer. Mais ce qu'il faut principalement, c'est ce que vous employiez à présent toute votre application, votre zèle et votre diligence, à bien instruire le conseiller d'ambassade de Goltz que je vous ai adressé1 et que je destine pour vous succéder à Pétersbourg, et à le dresser dans toutes mes affaires à la cour de Pétersbourg, de façon que je puisse m'attendre de lui les mêmes bons et fidèles services que j'ai eus de vous pendant le temps que vous y avez été.

Federic.

Nach dem Concept.


3181. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 30 juillet 1748.

Pour vous répondre à la dépêche que vous m'avez faite en date du 19 de ce mois, je veux bien vous dire tout naturellement, mais dans la dernière confidence, que je n'aimerais point de voir le marquis de Valory rappelé de ma cour, puisque c'est un bon sujet dont je m'accommode bien, qui a de bonnes intentions et qui me convient mieux que tout autre, qui finasserait peut-être plus qu'il ne le fait. Si donc vous croyez que, en faisant connaître au marquis de Puyzieulx tout ce



1 Vergl. S. 143.