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3198. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Charlottenbourg, 10 août 1748.

J'ai reçu votre dépêche du 31 de juillet dernier. Je suis très persuadé qu'e la cour de Vienne avec ses adhérents ont toutes les intentions les plus mauvaises du monde contre moi. Ce qu'il y a néanmoins de consolant à cela, est que les grands projets se font plus tôt qu'ils ne s'exécutent, par la raison que, plus ils sont vastes, moins les intérêts différents de ceux-mêmes qui y ont contribué le plus, permettent qu'ils réussissent, et qu'il y a plusieurs princes allemands qui par leurs propres intérêts ne sauraient se séparer de moi. Quant au duc de Newcastle, il se peut qu'il ne soit pas tout-à-fait autrichien; cependant ce qu'il y a de vrai, est qu'il s'est laissé séduire par le ministère d'Hanovre et que par là il se trouve dans la dépendance de ce ministère.

Federic.

Nach dem Concept.


3199. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A HANOVRE.

Charlottenbourg, 10 août 1748.

Je suis très content du contenu de votre dépêche du 4 de ce mois, et je crois avec vous que la négociation entamée avec tant de chaleur et de contestations par le chevalier Legge est encore fort éloignée pour qu'on en puisse espérer un bon succès.

Je m'imagine être fondé à croire que les Anglais ne m'ont recherché que lorsqu'ils craignaient que la reine de Hongrie ne regimbeât aux préliminaires, pour s'accommoder en conséquence; mais qu'après que cette Princesse a pris le parti de se montrer facile sur l'accession auxdits préliminaires, l'Angleterre serait assez d'humeur, présentement, de me planter avec sa prétendue alliance.

Je veux bien vous dire à cet égard, quoique dans la plus grande confidence et avec défense très expresse que vous n'en donniez connaissance à personne, qui que ce puisse être, ni même que vous en fassiez mention dans vos dépêches au département des affaires étrangères, qu'il m'est revenu de très bon lieu que, le chevalier Legge s'étant abouché dernièrement avec les ministres de Russie et de Hollande et le secrétaire d'ambassade de la cour de Vienne, et ces derniers lui ayant demandé ce qu'il pensait des grands arrangements de guerre que je faisais de nouveau — qui cependant ne se fondent que sur des bruits mensongers, controuvés par lesdits ministres — le chevalier Legge doit leur avoir répondu qu'il leur avait beaucoup d'obligation de la confiance qu'ils lui témoignaient; que, quoiqu'il ne fût point encore à même, par le peu d'habitude qu'il avait ici, de juger par lui-même des intentions de la cour d'ici, cependant, pour leur témoigner sa confiance réciproque,