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3243. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Neisse, 9 septembre 1748.

J'ai suivi votre idée que vous me fournissez par votre dépêche du 20 d'août dernier, et je fais faire par mon ministre d'État, le comte de Podewils, les insinuations au comte de Keyserlingk que vous jugez convenables, touchant la détention du capitaine de Stackelberg, lui faisant donner à entendre, en même temps, que j'en agirais avec le lieutenant Reutern tout ainsi qu'ils en feraient en Russie avec le capitaine Stackelberg, et que, quand ils l'auraient mis en liberté de retourner à son régiment à Stettin, dès ce moment le lieutenant Reutern ne tarderait de son côté d'être libre. Vous tranquilliserez, en attendant, le capitaine Stackelberg, vous l'assurerez de ma bienveillance, et vous lui ferez savoir que je n'étais point intentionné de l'abandonner, mais que je voulais le tirer d'embarras, afin qu'en cas que ses ennemis voulussent l'opprimer entièrement, il pût alors en venir à la dernière extrémité, en entrant au service de la Russie,1 sans courir risque de s'exposer par la au blâme et aux reproches des honnêtes gens, lui restant libre, après tout, de mettre à profit la première occasion favorable qui se présenterait pour quitter derechef ce service contre le nôtre; que si néanmoins il pouvait se passer de ce calice odieux, je n'en serais que tant plus aise, et que sa personne et ses services ultérieurs me seraient toujours des plus agréables.

Les troupes russiennes ne nous causent ici nulle appréhension jusqu'au moment présent; je ne serais cependant point fâché qu'elles se retirassent entièrement, leur voisinage pouvant me donner de l'ombrage, non tant à cause de la bonté et qualité de ces troupes que par leur nombre. Pour ce qui regarde les cours de Vienne et d'Angleterre, je puis vous dire que les affaires qui se traitent entre ces deux cours, se trouvent encore si peu digérées et en ordre qu'il n'est pas possible de savoir le but de ce qu'elles peuvent vouloir faire ensemble, et ces deux cours diffèrent à tel point de sentiments entre elles dans le choix des moyens pour obtenir ce qu'elles se sont proposé, que c'est un vrai labyrinthe, où l'on ne peut encore voir le moindre jour.

Federic.

Nach dem Concept.


3244. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Neisse, 9 septembre 1748.

J'ai reçu votre dépêche du 26 du mois d'août dernier. Je me persuade de plus en plus, par toutes les circonstances, que les préliminaires de la paix ont été précipités et qu'on a négligé de s'appliquer à reconnaître les conséquences qui nécessairement doivent résulter de différentes choses qui ont été établies par lesdits préliminaires. La



1 Vergl. S. 195.