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3263. AU CHAMBELLAN D'AMMON A AIX-LA-CHAPELLE.

Potsdam, 24 septembre 1748.

Vous avez bien fait de m'avertir d'abord, comme vous faites par votre dépêche du 17 de ce mois, de l'anecdote intéressante qui en fait le sujet. Présentement vous serez des plus attentifs à approfondir, pour m'en faire ensuite votre rapport, l'effet que la déclaration en question aura pu faire sur les ministres anglais, et quelles seront les suites qui en résulteront. B pourrait facilement se rencontrer que la paix fût rompue de la sorte, avant qu'elle ait pu être constatée par un traité définitif, bien que d'ailleurs mes avis d'Hanovre portent que le roi d'Angleterre pourrait bien se relâcher un peu par rapport aux années de non-jouissance. Comme, au reste, selon qu'il m'est revenu, l'impératrice de Russie doit être fort piquée de la convention qui a été signée à Aixla-Chapelle entre les ministres de France et d'Angleterre sur la rétrogradation des troupes russiennes, et que la cour de Russie doit avoir donné à entendre qu'elle tâcherait de prendre ses mesures avec celle de Vienne pour faire hiverner ses troupes en Bohême, pourvu que les Puissances maritimes lui fournissent un extraordinaire de 300,000 écus à cet effet, je setais fort curieux de savoir de vous l'impression que tout ceci pourra faire sur les ministres de France à Aix-la-Chapelle.

Federic.

Nach dem Concept.


3264. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A VIENNE.

Potsdam, 24 septembre 1748.

J'ai vu par votre dépêche du 14 de ce mois ce que vous y touchez sur la destination ultérieure du corps auxiliaire russien. Il m'est revenu là-dessus d'autre part que le ministère russien insistait à Vienne afin que ce corps auxiliaire ait ses quartiers d'hiver en Bohême, et ne soit point obligé, selon la convention qui en a été signée à Aix-la-Chapelle, de rétrograder dès à présent en Livonie. L'impératrice de Russie doit même avoir été fort piquée de cette convention, marquant de l'aigreur sur ce qu'on voulait renvoyer ses troupes aussi vite et d'une même haleine, et elle est intentionnée de prendre des mesures à cet égard avec la reine de Hongrie, pour que ses troupes restent pendant les mois d'hiver en Bohême, moyennant 300,000 écus d'extraordinaire que les Puissances maritimes ajouteraient aux subsides qu'elles lui paient. Il est à conclure de tout ce que dessus, que la cour de Vienne a pris à tâche d'aigrir l'impératrice de Russie contre les Puissances maritimes, et qu'elle se tient à couvert derrière la machine, pour la mouvoir en conséquence des vues qu'elle peut s'être formées. Soyez toujours fort attentif pour savoir si le corps auxiliaire en question continue sa marche vers la Pologne ou bien s'il a fait halte; vous me marquerez où il se trouve à présent et où il devra se porter.

Federic.

Nach dem Concept.