<256> alliés. Selon mes lettres de France, les Puissances maritimes doivent avoir fait déclarer à la cour de Pétersbourg que leur engagement envers la Russie ne durerait qu'une année, ce qui ne devait nullement avoir plu au comte de Bestushew. En attendant, ce retardement de retour des troupes russiennes opérera que la France ne se pressera du tout dans la réforme qu'elle doit faire dans ses troupes en vertu de la convention signée à cet égard, et les troupes françaises hiverneront à leur tour, selon toutes les apparences, dans les Pays-Bas autrichiens.

Federic.

Nach dem Concept.


3285. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam,5 octobre 1748.

Il m'a été des plus agréables de voir, par votre dépêche du 23 de septembre dernier, que le marquis de Puyzieulx a commencé le premier à vous parler des affaires de Suède et de Russie, me fournissant par là occasion, d'une certaine manière, de m'expliquer à mon tour sur cet article. Je vous dirai donc qu'autant que je puis pénétrer ces affaires en question, il me semble qu'il y ait un concert secret entre la Russie et le Danemark, qui peut avoir pour but non tant de s'opposer directement à l'établissement de la succession en Suède, que principalement d'empêcher tout ce qui pourrait „apporter du changement dans la forme du gouvernement présent de ce royaume. Dans cette supposition, j'ai conseillé à la Suède que, pour éviter tout ce qui pourrait fournir matière à une nouvelle guerre, elle voulût en cas de mort du roi de Suède ne rien faire d'autre que simplement d'affermir sa succession, étant persuadé, par l'espérance que j'en ai, que, si mon avis vient à être goûté et suivi en Suède, on n'y aura point à craindre de nouvelle guerre, qui d'ailleurs serait d'autant plus inévitable pour la Suède que la considération du traité d'alliance qui subsiste actuellement entre la France et la Suède, n'arrêterait probablement pas la Russie pour qu'elle ne dût aller son train dans l'exécution de ses desseins contre la Suède, car la Russie regarde la France comme trop distante pour qu'elle soit en état d'assister la Suède autrement que par argent; et pour ce qui me concerne, elle se tient tout assurée d'avoir obvié en quelque façon à l'affaire, étant très fondé à soupçonner que la Russie ait fait une convention avec la cour de Vienne pour qu'à l'événement de la mort du roi de Suède, la reine de Hongrie me tînt en échec et dans l'inaction, afin de se procurer ainsi, à elle et au Danemark, des mains d'autant plus libres d'en agir avec la Suède selon leur fantaisie, en cas que cette dernière fit mine de vouloir faire le moindre changement dans la forme présente de son gouvernement.

Vous tâcherez de vous procurer une occasion convenable pour insinuer au marquis de Puyzieulx le contenu de cette présente dépêche,