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3386. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE VOSS A VARSOVIE.

Berlin, 21 décembre 1748.

Votre dépêche du 11 de ce mois m'est parvenue. Si le baron de Gersdorf venait encore à vous tenir les propos qu'il vous a déjà tenus, savoir que je pourrais prendre sur mon compte, moyennant les intérêts qui me seraient payés, les capitaux que doit la Steuer de Saxe à mes sujets, en leur faisant de mon côté rembourser ces dits capitaux, je veux que vous n'y entriez pour rien, mais que vous lui répondiez simplement que vous ne croyiez pas que je voudrais me mêler de l'affaire du payement de ces capitaux.

Vous continuerez d'éclaircir l'affaire de la coadjutorerie de Cologne, laquelle coadjutorerie on serait bien aise, là où vous êtes, de faire échoir au prince Charles de Saxe,1 et vous m'en ferez vos rapports ultérieurs. La négociation du général de Fontenay en France2 me semble être tout autant qu'échouée, et ce n'est qu'une simple fanfaronnade de Brühl quand il veut faire accroire que les Russes ne se mettront pas en mouvement pour passer par la Pologne pendant que le Roi son maître y séjournera encore, car vous pouvez compter que ni la cour de Vienne ni celle de Russie ne ménagent la Saxe au point que d'avoir pareille complaisance pour elle.

Federic.

Nach dem Concept.


3387. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 21 décembre 1748.

J'ai reçu votre dépêche du 9 de ce mois. B ne m'est point douteux que la France n'ait tout l'argent nécessaire pour avoir sa marine en bon état3 èt tenir sur pied une considérable et belle armée, et pourvu que ses fonds soient bien administrés, elle ne saurait point, selon moi, manquer des sommes requises à ces deux égards. Cependant, nonobstant les grandes ressources de la France, elle ne saurait à mon avis jamais se flatter que sa marine égale celle de l'Angleterre, celle-ci lui étant actuellement déjà trop supérieure en nombre de vaisseaux. Ceci fera toujours grand tort à la France, en tant que, pour se conserver ses possessions des Indes, elle y sacrifiera les intérêts les plus réels du royaume, ce qui par exemple est arrivé dans les dernières circonstances où la France s'est trouvée, où elle aurait dû tâcher de conserver coûte que coûte sa conquête des Pays-Bas, et en sacrifiant même pour cet effet son cap Breton; ce que néanmoins je ne vous dis que pour votre direction seule, et afin qu'en y réfléchissant de votre côté, vous m'en communiquiez vos pensées.



1 Vergl. S. 307.

2 Vergl. S. 221. 224.

3 Vergl. S. 300.