<364> tout ce qui dépendrait d'elle pour faire cesser les froideurs qui depuis quelque temps subsistaient entre elle et l'Angleterre, sont bonnes en elles-mêmes; il me paraît cependant que, si d'un côté on est résolu en Suède d'envoyer le sieur Carleson à la cour de Londres, on ne devrait pas de l'autre y être aussi pointilleux, pendant les circonstances de ce temps-ci, que d'accrocher la mission dudit sieur Carleson à la nomination d'un ministre anglais en Suède. Les conjonctures présentes exigent la présence d'un ministre suédois à la cour de Londres, qui, pour peu qu'il y eût à négocier d'ailleurs, tâcherait toutefois à y approfondir les démarches de la cour d'Angleterre et de se mettre au fait de tout ce qui s'y passera.

Je doute fort que la Suède réussisse à mettre au pied du mur la cour de Copenhague par la déclaration que la Suède est intentionnée de faire demander à cette cour par son ministre y résidant, le baron de Fleming; les Danois ne seront sans doute pas assez sots que de donner à connaître leur véritables vues, mais il est plutôt à présumer qu'ils rechercheront tous les subterfuges imaginables pour esquiver de se déclarer positivement. Il n'en est pas moins convenable, pour cela, aux intérêts de la Suède que la France, comme s'en est expliqué le comte Tessin envers vous, travaille en Angleterre et fasse faire des insinuations à Copenhague relativement à la conservation de la tranquillté dans le Nord; car, si au pis-aller la France ne faisait là-dessus que de l'eau claire en Angleterre, le Danemark cependant en agirait peut-être avec plus de retenue que jusqu'ici, en réprimant à l'avenir ses mauvais desseins contre la Suède.

Je suis, au reste, assez curieux d'être informé par vous de quelle manière se sera expliqué, à l'heure qu'il est, le ministre russien de Panin, dans la conférence qu'il a demandée là où vous êtes et dont vous venez de faire mention dans votre susmentionnée dépêche.

Federic.

Nach dem Concept.


3458. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 8 février 1749.

J'ai bien reçu votre dépêche du 27 du janvier dernier. Je ne saurais qu'approuver parfaitement le ménagement que vous avez eu de ne rien toucher au marquis de Puyzieulx de vos réflexions d'ailleurs très justes et très solides par rapport à la supériorité que les Anglais gagnent sur la France, et aux discours peu ménagés qu'ils tiennent à ce sujet. Il n'est pas moins sûr, cependant, que l'Angleterre n'a d'autre objet à présent que de s'emparer de toute la supériorité possible sur la France et que d'ôter, autant qu'elle pourra, à celle-ci toute l'influence dans les affaires de l'Europe. Et comme elle y va avec bien du ménagement,1



1 Sic.