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prince de Galles, mais je sais fort bien que je me suis donné tous les mouvements et que je m'applique encore à m'orienter solidement là-dessus … Mes avis par rapport au penchant de ce Prince pour la maison d'Autriche ne varient en rien, savoir qu'il a une grande prédilection pour elle … Je suis assez porté à croire que le prince de Galles, à la mort de son père, qui jouit d'une santé parfaite, n'aura point d'animosité [envers la Prusse]; mais la prédilection pour la maison d'Autriche n'en subsistera pas moins.“

London 28. Januar: Ayant gagné la confiance du sieur Gastaldi, ministre de Gênes … je lui ai parlé sur les affaires générales de l'Europe; nous sommes tombés aussi sur la Suède … Il m'a faire lire en confidence une dépêche du marquis Pallavicini [ministre de Gênes à Paris] par laquelle Pallavicini l'engage à sonder le ministère d'ici si l'on ne pourrait pas amener les choses à un accommodement entre les cours d'Angleterre et de Suède. Il ajouta qu'on lui en tiendrait en France le plus grand compte. Le sieur Gastaldi a donc commencé ses insinuations par le duc de Newcastle, qui lui a répondu que, s'il était question de raccommodement, cela ne pouvait se faire que par un canal direct, éloignant par là d'entrer en matière, ce qu'il évite toujours avec grand soin. Le ministre de Gênes en a ensuite parlé dans le même sens à son ami, le sieur Stone, qui lui a répondu que la Suède s'était trop mal gouvernée jusqu'ici pour qu'on pût sitôt se prêter à un accommodement. Le sieur Gastaldi a aussi fait les mêmes ouvertures au duc de Bedford. La réponse de ce secrétaire d'État porte que de s'accommoder présentement avec la Suède, ce serait causer de la jalousie aux alliés de l'Angleterre. Le sieur Gastaldi a répondu, il y a trois jours, au marquis Pallavicini quasi mot pour mot ce que j'ai l'honneur de marquer, car j'ai lu la minute de sa dépêche … Quant au parti que l'Angleterre prendra dans les affaires du Nord, le ministère se tient fort boutonné là-dessus. Je ne laisse pas d'avoir de temps à autre quelques avis, mais je n'en suis point assez satisfait pour, oser les faire parvenir à Votre Majesté pour sûrs. Les uns portent qu'on ne souffrira pas ici que la succession en Suède reste sur le pied

mandé par vos dépêches des 24, 28 et 31 janvier dernier, qui me sont parvenues à la fois. Vous avez très bien fait de m'avoir marqué fidèlement tout ce qui est venu à votre connaissance par rapport aux affaires qui m'intéressent autant que celles que vous avez touchées, parceque cela répand beaucoup de lumière sur plusieurs avis qui me sont venus de différents autres lieux et qui m'étaient des problèmes que je ne savais assez expliquer.

J'applaudis parfaitement à tout ce que vous me marquez du caractère du prince de Galles, et les particularités que vous me mandez par rapport à son penchant pour la maison d'Autriche et touchant ses confidents, me sont de sûrs garants que vous ne vous êtes point trompé sur son sujet. Le meilleur est que je ne suis pas fort mêlé avec lui; je suis cependant de l'opinion encore que, si au cas de la mort de son père je ne gagnais grande chose avec lui, l'animosité cesserait au moins entre nos familles.

Quant aux affaires de la Suède, je vois bien, par tout ce que vous me dites des réponses que le ministre de Gênes en a eues des ministres d'Angleterre, que ces gensci ne veulent point s'accommoder avec la Suède, dans le dessein d'avoir des prétextes bons ou mauvais pour pouvoir se brouiller avec elle quand ils le trouveront de leur convenance. Pour moi, je crois de ne point me tromper quand je m'imagine que le plan de commettre l'Angleterre avec la Suède a été formé à Vienne, que le roi d'Angleterre n'a pas voulu y entrer