<377> je tâche de la concilier avec la conduite que tient actuellement la cour de Vienne et dont vous venez de me faire rapport, tout m'y semble tenir de l'énigme et être une affaire tellement intriguée qu'il m'est impossible d'y développer quelque chose des véritables desseins des deux cours en question. Je m'en console, en attendant, d'autant plus volontiers que j'espère de bientôt m'orienter sur ce sujet, pour savoir en quoi consiste proprement le véritable objet du jeu de ces deux cours, et vous serez mis alors au fait de tout ce qui en sera parvenu à ma connaissance. Vous ne vous tromperez jamais en pensant que je ne me fie point à la cour de Vienne davantage et pour plus qu'il ne m'en paraît au grand jour. Comptez que je ne me laisserai point endormir par cette cour, et soyez très persuadé que je ne suis pas sans précautions contre toute surprise de la part des Autrichiens, que je suis prêt à tout événement, et que je saurai me défendre dès que ces Autrichiens voudront en venir à l'exécution de quelque mauvais projet contre moi. Au reste, je me repose sur vous que vous serez toujours extrêmement attentif à tout ce qui se passera là où vous êtes, pour pouvoir me faire vos rapports exacts de ce qui vous en sera revenu.

Pour ce qui est du séjour que les troupes russiennes font encore dans les pays héréditaires autrichiens, il n'y a pas de quoi vous dussiez prendre de l'inquiétude, étant informé, moi, de tout ce qui se fait à cet égard-ci.

Federic.

Nach dem Concept.


3475. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 15 février 1749.

J'ai reçu votre dépêche du 31 du janvier dernier. Si le marquis de Puyzieulx croit que, par les raisons qu'il vous a alléguées, le pouvoir despotique dans un roi de Suède pourrait me convenir, vous lui insinuerez que jamais une souveraineté en Suède ne me conviendrait tant que la conservation de la tranquillité du Nord; qu'en conséquence de ce la j'avais fait faire les insinuations les plus énergiques en Suède, pour qu'on ne change rien à la forme du gouvernement présent, quand le cas de mort du roi de Suède arrivera, et qu'on devait éviter soigneusement tout ce qui pouvait commettre la Suède avec ses voisins; mais que, si malgré tout cela la Suède étrait entamée par la Russie, je priais M. de Puyzieulx de penser si c'était par ma faute, et si ce cas-là n'était pas bien différent de ce que même mes ennemis prenaient à tâche de m'imputer, quoique frivolement, comme si je ne cherchais qu'à brouiller les cartes de nouveau.

Il est vrai que mes dernières lettres de Russie disent que, selon les apparences, les vues du chancelier Bestushew relativement à la Suède ne tendaient qu'à empêcher l'établissement de la souveraineté dans ce royaume, et que de tous ses autres projets celui d'éloigner le Grand-Duc du trône de Russie était le principal objet où aboutissaient toutes ses manœuvres; qu'outre cela un de mes amis là assurait que la con-