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3485. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 22 février 1749.

J'ai reçu en son temps vos deux rapports du 8 et du 12 de ce mois, et c'est avec plaisir que j'ai appris par ce dernier que le nouveau chiffre que je vous ai envoyé én dernier lieu, vous a été fidèlement remis.1 Comme, selon que vous me le mandez, l'Empereur et l'Impératrice-Reine continuent encore toujours à amasser de grosses sommes en argent comptant, c'est là un objet qui paraît mériter toute ma curiosité, pour approfondir l'usage qu'ils pourraient vouloir faire de cet argent, surtout n'en acquittant point de dettes et faisant même suspendre le payement ordinaire des pensions. Outre les vues que vous pensez, à cette occasion, que pourrait avoir la cour de Vienne, je puis encore m'en imaginer de tout autres que le payement des sommes dues à la république de Gênes ou l'établissement des nouveaux arrangements de la cour de Vienne, ou aussi que ladite cour voudrait se mettre sur un certain pied de défensive; c'est pourquoi vous ne négligerez pas de vous donner toutes les peines possibles pour savoir au juste quelles peuvent proprement être les raisons qui déterminent la cour où vous êtes à faire ces amas d'argent qu'elle fait, de même si les sommes en sont effectivement aussi fortes qu'on paraît vouloir le faire croire; car pour ce qui. est de l'emprunt de deux millions de florins de la banque de Hambourg, mes avis portent qu'à Hambourg même on l'ignore encore parfaitement jusqu'au moment présent.

Quoi qu'il en soit, il n'est point du tout à présumer que la cour de Vienne voulût m'assaillir directement; car, pour ne point dire qu'elle révolterait contre elle la plus grande partie de l'Europe en rompant sans rime ni raison avec moi, en faisant brêche par là à la paix qui vient d'être conclue, en tort de la garantie qui m'y a été stipulée de la Silésie, elle ne se verrait point en état de rien commencer, et encore moins de l'exécuter, avec les 20,000 hommes de ses troupes qu'elle pourra vouloir faire camper en Hongrie. D'un autre côté, si la cour de Vienne ne mettait en état de pouvoir marcher que ces 20,000 hommes de ses troupes, il en résulterait manifestement que le reste de ses troupes ne se trouverait point en état de marche, ce dont j'espère de bientôt être éclairci. Il est indubitable que, si la cour de Vienne butait à vouloir m'entamer, elle ne le ferait point avec 20,000 hommes, mais qu'elle y emploierait tout ce qu'elle pourrait rassembler de forces. Vous ne laisserez donc, aussi, pas que de prendre vos informations si, outre les 20,000 hommes en question, le reste des troupes de l'Impératrice-Reine se trouve aussi en état de pouvoir se mettre en marche; et en cas que cela ne fût pas, vous pourrez être tranquille et assuré que ce qui se fait à l'égard des 20,000 hommes en question, ne doit



1 Vergl. S. 367.