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3573. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 29 mars 1749.

J'ai reçu à son temps vos deux rapports du 15 et du 19 de ce mois. Bien que je sache que les affaires par rapport aux concerts pris entre les deux cours impériales ont été traitées jusqu'ici principalement en Russie, entre le chancelier Bestushew et Bernes, il est cependant fort à présumer, comme vous dites, qu'elles y mettront la dernière main à Vienne à l'arrivée du comte Bestushew,1 ainsi que j'attends de votre zèle pour mes intérêts et de votre dextérité que vous tâcherez au possible pour approfondir ce que l'on traitera avec ce dernier là où vous êtes. Et pour vous mettre d'autant plus au fait, afin de pouvoir vous bien orienter sur tout cela, je veux vous faire la confidence, quoique sous le sceau du dernier secret et avec défense de n'en faire autre usage que pour votre direction seule, que j'ai trouvé moyen d'être exactement informé des concerts pris entre les cours susmentionnées à l'égard des affaires du Nord …2

Comme je vous ai mis par tout ceci en état d'envisager les affaires tout comme elles sont naturellement, je ne doute pas que vous en ferez un bon usage pour pousser d'autant mieux vos conjectures, afin de vous en orienter. Au surplus, il est bien sûr que c'est principalement la cour de Vienne qui pousse à la roue, tant auprès de la Russie qu'en Angleterre, afin de voir le Nord troublé et de profiter des conjonctures, tout comme la Russie pousse la cour de Vienne d'envoyer une ambassade solennelle en Danemark pour attirer celui-ci dans leur parti. B sera à voir si les deux cours seront déjà aussi avancées en Angleterre comme elles le voudront bien. Si elles s'imaginent que ce sera moi qui ferai le premier la levée de boucliers, ils se tromperont lourdement, puisque ce n'est point du tout mon jeu dans les circonstances présentes; mais si l'on m'assaillit dans le Nord, je verrai alors ce que j'aurai à faire, et peut-être me trouveront-ils plus préparé qu'ils ne le pensent, pour les recevoir comme il faut et pour leur faire ressentir leurs indignes procédés.

En attendant, votre attention principale doit être sur ces deux choses, savoir sur les arrangements militaires de la cour où vous êtes, et sur les magasins en farine qu'elle fait amasser, car ceux de grains ne décident de rien. Au surplus, comme vous êtes sur les lieux où vous apprendrez bientôt quand les opérations commenceraient au Nord, ce sera alors qu'il faut que vous deviez penser à mettre vos papiers et vos archives en lieu de sûreté, et le plus convenable serait alors que vous les faisiez charger sur un grand chariot de bagage couvert et que vous les envoyiez sans bruit ni éclat à Neisse; aussi je vous tiendrai compte des dépenses que vous en ferez. Au reste, je me réfère à ce



1 Bisher russischer Gesandter am dresdener Hofe.

2 Es folgt die in dem Immediaterlasse an Chambrier vom 25. März, Nr. 3565, enthaltene Mittheilung.