<50> que j'en aurais pu désirer, pour la direction que vous avez tenue en conséquence à ma grande satisfaction. Si le Chancelier venait à vous reparler sur ce sujet, vous pourriez bien alors lui dire avec une sorte de fermeté que, par la vivacité que vous me connaissiez, vous ne pouviez pas savoir sur quel pied je prendrais cette affaire, et que, comme pour votre personnel vous ne désirez rien avec plus d'empressement et ne discontinueriez de travailler de toutes vos forces pour fomenter une bonne harmonie et intelligence entre les deux cours, vous ne souhaitiez rien tant, à cause de cela même, si ce n'est que la cour de Russie prit tel parti dans l'affaire en question qui fût de nature à n'y point mettre empêchement, en m'aigrissant tout-à-fait. Vous ne devez cependant pas dire ceci au Chancelier ministérialement, mais par manière de discours de vous à lui, uniquement pour observer l'effet qu'il fera sur lui, s'il en paraîtra effarouché, ou bien s'il servira à le radoucir.

Au reste, je ne me persuade pas aussi facilement que les antagonistes du Chancelier paraissent s'en flatter de réussir contre lui, en cas que les troupes russiennes puissent recevoir quelque échec aux Pays-Bas; car, une fois, il s'est trop ancré dans l'esprit de sa souveraine pour avoir à craindre quelque chose de leur part : et le moyen, après cela, de détromper une princesse qui de son gré veut bien s'aveugler ellemême et qui d'ailleurs ne se mêle d'aucunes affaires? Il est donc sûr et certain que le temps présent ne promet rien encore pour en pouvoir conclure la perte prochaine du Chancelier, mais il faudra que les apparences changent entièrement avant que de pouvoir espérer sa chute. Quant à vous, continuez d'être sage et prudent comme vous l'avez été jusqu'ici, et je ne cesserai d'être fort content et satisfait de votre conduite.

Federic.

Nach dem Concept.


2967. AU SECRÉTAIRE LE VEAUX A VARSOVIE.

Potsdam, 5 mars 1748.

J'ai reçu votre rapport du 24 de février dernier, par lequel j'ai vu ce que vous continuez de me mander avoir appris sur la marche prochaine des troupes auxiliaires russes par la Pologne. Vous devez tâcher d'agacer les Polonais à cette occasion contre les Russes, mais il faudra que vous vous y preniez de manière à ne pouvoir être soupçonné de rien, et que pour cet effet vous fassiez parvenir vos insinuations par la quatrième, cinquième et sixième main, en faisant suggérer à la nation combien il était contre la dignité de la République que la Russie fît passer par la Pologne un nombre aussi considérable de gens mal disciplinés et barbares et que cette Russie présumât même le faire sans daigner en demander la permission et le consentement de la République. Mais je reviens à ce que je vous ai déjà dit, qu'il est indispensablement nécessaire que vous en agissiez bien prudemment à cet égard,