<534> me paraît d'autant plus étrange que mes lettres de Moscou m'apprennent qu'il y avait toute apparence que la cour de Russie ne pensait actuellement plus à l'exécution de quelque grand dessein, vu que tous les arrangements qu'on y faisait, annonçaient assez qu'on ne songeait pas à retourner si tôt à Pétersbourg, qu'on bâtissait à Moscou des palais, qu'on faisait des provisions et faisait transporter de Pétersbourg les carrosses de parade et les chevaux qu'on avait laissés dans cette ville-ci, et qu'on ne doutait plus que l'Impératrice n'irait faire, au printemps de l'année qui vient, un voyage à Kiovie.

Au surplus, je dois vous avertir que le chancelier comte Ulfeld est bien piqué contre vous, parcequ'il vous regarde comme celui qui a commencé à m'avertir de ce qu'il y pourrait être anguille sous roche dans la manœuvre entre les deux cours impériales, avis que je vous fais uniquement pour que vous puissiez vous diriger d'autant mieux avec lui, sans faire semblant d'en savoir la moindre chose. Je vous dirai d'ailleurs que je sais de bonne main que les deux cours impériales sont aussi outrées contre moi de ce que j'ai éveillé un peu la France contre les vastes et pernicieux desseins que ces deux cours couvaient dans l'espérance qu'elles cacheraient si bien leur jeu que la France s'endormirait et n'y verrait pas de si près, avant qu'elles eussent fait leur coup. Aussi veulent-elles particulièrement prendre à tâche à présent de faire jouer tous les ressorts possibles afin de mettre de la désunion entre la France et moi.

Federic.

Nach dem Concept.


3665. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 22 mai 1749.

J'approuve le projet pour le traité d'amitié et d'alliance défensive avec la Porte Ottomane que vous m'avez envoyé à la suite de votre rapport du 20 de ce mois et que je vous renvoie ci-clos. Quant au nombre d'années de cette alliance, vous le fixerez à dix ans.

Quoique j'aimerais bien que cette négociation fût conduite avec un tel secret qu'il n'en saurait transpirer rien aux deux cours impériales, cependant le mal ne sera pas fort grand quand même celles-ci s'en devraient apercevoir. Comme elles ont pris jusqu'ici à tâche à se lier tout alentour de moi, l'on ne saura raisonnablement désapprouver que je pense aussi à mes sûretés et que je tâche à me fortifier d'une alliance qui ne laissera pas que de leur imposer. Si malgré tout cela elles en veulent crier, nous crierons à notre tour en récriminant contre elles. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.