<543> dessus, qu'on n'affectait même plus tant que par le passé d'éviter le baron de Höpken et mon ministre de Goltz. Comme l'on y ajoute cependant que les conférences secrètes entre Bestushew et les deux ministres impériaux allaient toujours leur grand train, je crois pouvoir conclure de tout cela que la Russie a suspendu l'exécution de ses projets, concertés avec la cour de Vienne et le roi d'Angleterre, mais que l'on ne doit point encore se fier à cette bonace et que la Russie voudra peut-être attendre l'événement de la mort du roi de Suède, pour porter alors son coup à la Suède, en prétextant les moindres bagatelles'comme des affaires de la dernière conséquence.

Quant au sentiment que le baron de Rudenschöld vous a témoigné comme s'il valait peut-être beaucoup mieux de parler d'un ton ferme à la Russie, j'avoue que je ne saurais pas encore y applaudir, parceque la Suède n'est pas encore dans la situation de pouvoir soutenir ce ton de fermeté, qu'en conséquence la Russie se soucierait fort peu de ce que la Suède lui dirait. Aussi direz-vous au baron de Rudenschöld que, selon moi, qui allait doucement allait sûrement, et qu'avant qu'on n'ait pu trouver de moyens de mettre en Suède toutes les têtes sous un même bonnet, le temps n'était pas encore venu où la Suède pourrait montrer de la vigueur envers la Russie.

Federic.

Nach dem Concept.


3679. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Potsdam, 31 mai 1749.

Il se peut que, comme vous le marquez par votre dépêche du 8 de ce mois, le Chancelier ait effectivement été mécontent du contenu des dépêches parvenues en dernier lieu aux ministres des cours de Vienne et de Londres, et que ce soit là la véritable raison de cet air sombre que vous lui avez remarqué; mais il se peut aussi très bien, outre cela, que l'état désespéré de maladie dans lequel se trouve actuellement sa belle-fille1 y ait contribué beaucoup; car je sais de bon lieu que cette maladie l'a mis depuis quelque temps dans de grandes angoisses et qu'il en a caché avec grand soin le triste état aussi longtemps qu'il l'a pu; et, en effet, la mort de sa belle-fille ne serait pas un article peu considérable pour lui, mais plutôt une affaire de la dernière conséquence, en tant que par cette mort il pourrait se voir destitué toutà-coup du grand appui qui lui revient de la parenté du comte Rasumowski, et que d'ailleurs il se trouve à l'heure qu'il est dans une désunion extrême avec son propre fils.

Je suis entièrement de votre sentiment sur ce que vous dites que, selon vous, la Russie pourrait ne point vouloir commencer, cette année-



1 Vergl. S. 536.