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2892. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 12 janvier 1748.

J'ai bien reçu votre dépêche du zo du mois dernier de décembre. Je me flatte encore qu'avant que le cas du décès du roi de Suède arrive, les conjonctures seront bien changées à l'égard de la Russie, soit que les Russes aient des embarras ailleurs ou que Bestushew soit culbuté ou qu'il arrive quelque autre révolution en Russie. Cependant, quand même le cas de mort du roi de Suède dût arriver avant que l'un ou l'autre de ces changements arriveraient, je ne conçois aucune bonne raison que la Russie pourrait avoir de se mêler des affaires de la Suède, et il leur manquera de bons prétextes pour s'y ingérer, surtout si le Prince héréditaire monte alors au trône selon les lois établies en Suède: enfin, tout dépendra alors du temps et des conjonctures. Le mécontentement de la nation russe par rapport à la marche des troupes ne saurait point me déplaire; si cela va en augmentant, comme il est à croire, l'Impératrice pourrait se voir obligée d'en rendre responsable son premier ministre. Au surplus, je puis vous assurer que jusqu'ici il s'en faut beaucoup que la marche des susdites troupes fasse cette impression sur la France comme le parti anglais et autrichien s'en flatte, et je puis bien vous dire que la France a fait ses arrangements, qui apparemment ne la laisseront pas beaucoup craindre sur ces troupes. Au reste, si l'on veut jamais les recruter, il faudra qu'on commence déjà à assembler les recrues, puisque sans cela elles ne sauraient jamais arriver, cette année, à leur destination.

Federic.

Nach dem Concept.


2893. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 15 janvier 1748.

J'ai bien reçu vos dépêches du 6 de ce mois de janvier. Il faut que je rende témoignage au personnel du comte Bernes qu'il est fort aimable et tout propre pour la société, mais ce que je trouve à redire en lui, c'est qu'il ne s'applique point à rétablir une parfaite harmonie entre les deux cours, mais qu'au contraire il répand de l'aigreur sur toutes les affaires, ce qui arrive principalement parceqa'il se confie à des gens indiscrets d'ici, en ajoutant légèrement foi de son côté à leurs rapports et à ce qu'ils peuvent lui insinuer, qui cependant ensuite, par cette même indiscrétion, ne laissent que de le trahir — ce dont j'ai des preuves plus que suffisantes.

Au reste, quoique les circonstances ne me permettent pas de faire marcher des troupes en faveur des Autrichiens, je suis persuadé que, si la cour de Vienne voulait bien ne pas marquer tant d'aliénation à