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2985. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 22 mars 1748.

Je serais curieux de savoir et vous ne laisserez que de mander quel peut être ce comte de Harrach qui autrefois a été ministre de la cour de Vienne à celle de Dresde, et qui, selon que vous le présumez par votre dépêche du 13 de ce mois, pourrait bien se trouver sur le tapis pour devoir relever le général Bernes à ma cour.

Au reste, vous ne devez pas ajouter croyance à ce que le principal objet du voyage du secrétaire Weingarten à Vienne ait été de convenir avec la cour de Vienne sur les conditions auxquelles le comte Bernes accepterait son envoi à la cour de Pétersbourg. J'en sais bien d'autres raisons, moi, et quant à vous, vous ne sauriez vous dispenser de convenir que le général Bernes n'aurait pas osé envoyer à Vienne un homme tel que Weingarten, qui n'est point son domestique, mais qui est actuellement au service de l'Impératrice-Reine, pour un objet aussi mince que celui de faire ses conditions à lui, Bernes, et que sûrement Weingarten aura voulu vous en donner à garder quand il vous a dit qu'il n'était venu à Vienne que pour faire les affaires de Bernes.

Federic.

Nach dem Concept.


2986. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 22 mars 1748.

Ce que vous me mandez, en date du 5 de ce mois, sur les conversations d'affaires que les ambassadeurs Pretlack et Hyndford avaient souvent avec l'Impératrice, me confirme de plus en plus que le Chancelier, ayant même trouvé moyen de disposer sa souveraine à entrer dans des conversations d'affaires avec des ministres étrangers, ce qui d'ailleurs lui répugne et ne saurait ainsi manquer de la gêner, doit naturellement, avant que d'avoir pu la persuader à s'y prêter, s'être accrédité de la sorte dans son esprit que, quand bien les troupes auxiliaires russiennes viendraient à souffrir quelque échec, son crédit ne diminuerait de rien pour cela, parcequ'il ne manquerait pas de ressources en ce cas, tout puissant qu'il est, d'en cacher la connaissance à l'Impératrice, ou bien de diminuer les pertes autant qu'il le jugerait à propos. Je conclus de là que les adversaires de Bestushew se trouvent bien éloignés de leur compte, quand ils ont souhaité, l'année passée, la marche des troupes russiennes pour pouvoir se flatter, s'il leur arrivait quelque désastre, que cela ne manquerait pas d'occasionner sa perte.

Federic.

Nach dem Concept.