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3023. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 23 avril 1748.

La demande que, selon votre dépêche du 12 de ce mois, le lord Sandwich a faite au comte de Saint-Séverin, touchant les deux points dont, selon sa déclaration, l'Angleterre ne se départirait jamais,1 est une marque peu équivoque que cette puissance ne pense point du tout encore à la paix. Il y a toute l'apparence qu'après les frais immenses qu'elle a faits pour cette campagne, elle en voudra voir les succès, avant que de se déterminer à quelque chose. Et comme elle compte sur le prétendu épuisement de la France et sur le grand désir que celle-ci a laissé entrevoir pour avoir la paix, elle est dans la persuasion que, quand même les succès de cette campagne ne seront pas tels qu'elle s'en promet, elle n'aura malgré cela qu'à faire l'obstinée et qu'elle fera bien plier la France devant elle. Je suis cependant fermement persuadé que, pourvu que la France tienne ferme et continue à agir avec vivacité, elle fera à la fin la paix à telles conditions qu'elle voudra imposer aux autres. Je vous marque tout ceci pour votre direction seule, ne voulant pas que vous en deviez communiquer avec les ministres de France, afin qu'on ne me blâme pas encore que c'était moi qui soufflait le feu et qui voudrait éterniser la guerre. C'est aussi pourquoi vous devez vous conduire avec modération dans tout ce qui a du rapport à ce sujet. Vous n'inspirerez point aux ministres la paix ni ne leur insinuerez de continuer la guerre. Et comme j'ai d'ailleurs tout lieu de présumer que les conférences présentes à Aix n'aboutiront à rien, vous ne devez pas vous enquérir trop curieusement de ce que s'y passe, quoique vous ne laisserez pas tout-à-fait sortir de vue cet objet-là.

Federic.

Nach dem Concept.


3024. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE VOSS A DRESDE.

Potsdam, 25 avril 1748.

Votre dépêche du 16 de ce mois m'a été rendue. Vous n'avez point eu sujet d'être embarrassé sur ce que l'ambassadeur de France vous a demandé si je voudrais soutenir la France dans son affaire concernant le sieur de La Salle. Car vous auriez bien dû juger d'abord que je ne me mêlerais en aucune façon de cette occurrence, qui ne me regarde ni en blanc ni en noir, et en effet, la susdite affaire devant purement se débattre et être composée entre la cour de France et le roi de Pologne, je ne vois pas comment j'y pourrais entrer de bonne grâce et sans qu'il y parût de l'affectation de ma part. Mon intention est donc plutôt de me tenir clos et boutonné là-dessus, ce qu'en tout



1 Völlige Ausführung des wormser Tractats von 1743 und Verzicht des Infanten Don Philipp auf die Ausstattung mit einem italienischen Fürstenthum.