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apprendront la mort du Roi, et qu'ils ne fassent jouer toutes sortes d'intrigues, pour tâcher de fortifier leur parti et pour se procurer par là quelque influence dans la nouvelle Diète, qui s'assemble, extraordinairement, quarante jours après la mort du Roi. Ils feront d'autant plus d'efforts pour cet effet qu'ils en savent assez pour prévoir qu'il sera vraisemblablement question à cette Diète de faire, d'une manière ou d'autre, un changement dans la forme du gouvernement. Si les Suédois s'y prennent bien, ils feront cette affaire avec la promptitude convenable, de manière qu'elle soit terminée dans l'espace de peu de jours et que la première nouvelle qu'on en apprenne ici, soit celle de l'affaire faite, sans quoi la Russie ne manquerait certainement pas de s'en mêler directement, d'autant plus qu'elle y a un prétexte assez plausible, par la faute que fit la cour de Suède, lors du traité de Nystad, où elle permit que celle-ci se chargeât de la garantie de la présente forme du gouvernement, article qui a été tacitement confirmé par le dernier traité de paix, et qu'on aura soin de faire valoir en temps et lieu. Cependant tout cela n'aboutira vraisemblablement qu'à des menaces et à des ostentations, si les Suédois s'y prennent comme je viens de le dire, et il est très heureux pour eux que le roi de Suède ait vécu assez longtemps pour leur douner le temps de prendre les arrangements de la dernière Diète, et que l'éloignement des 30,000 Russes, qui rend cette cour-ci moins redoutable à leur égard, ait précisément lieu dans un cas de changement de règne.“

chiffré vous-même ladite copie cijointe, vous deviez alors prendre occasion d'en entretenir privativement la princesse royale de Suède et de lui faire même la lecture de la pièce déchiffrée en question.

Vous lui insinuerez après cela, et la prierez affectueusement de ma part, de vouloir bien condescendre à prendre ses mesures là-dessus et de s'arranger de sorte, sans que toutefois il n'y parût le moins du monde, pour qu'au cas existant elle 'eût toutes ses batteries prêtes à faire tout d'un coup ce qu'elle jugerait alors le plus convenable à ses intérêts, avant que la Russie en pût être informée et gagner assez de temps, en semant sa zizanie, pour la traverser sourdement ou bien même ouvertement dans ses desseins.

Vous ajouterez, ensuite, à la Princesse Royale, ma sœur, que je me flattais qu'elle ne négligerait pas à son tour un avis de cette importance que je lui suggérais en bon frère, et qu'elle voudrait bien au reste sécréter avec tout le soin et toute la circonspection imaginable la communication ci-dessus mentionnée que je venais de lui faire.

Federic.

Nach dem Concept.


3046. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 7 mai 1748.

J'ai reçu vos dépêches du 20 du mois d'avril passé. Je ne trouve rien à ajouter au bon discernement que vous faites paraître dans le jugement que vous portez sur la situation actuelle de la Suède. J'en ai fait le meilleur usage que j'en pouvais faire. Que la Russie envoie, au reste, selon son bon plaisir encore une fois autant de son monde en Livonie qu'elle y en a déjà à l'heure qu'il est, et je ne m'en