2886. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 1er janvier 1748.

J'ai reçu votre dépêche du 18 du mois dernier. Ma dernière dépêche que je vous ai fait faire du département des affaires étrangères, vous aura instruit que c'est une affaire résolue de la cour de Pétersbourg que la marche de 30,000 hommes de ses troupes, et que le traité avec les Puissances maritimes en est fait et conclu. Ce que vous saurez apprendre à ce sujet au marquis de Puyzieulx, c'est que ces troupes ne sauront se mettre en mouvement avant le r 5 ou le 20 de ce mois, et que, par le grand détour qu'elles seront obligées de faire, il leur faudra cinq mois de temps pour arriver jusqu'au Rhin. Vous ajouterez d'ailleurs que peu s'en est fallu que la cour de Vienne ne se soit brouillée avec celle de Londres au sujet de la destination de ces troupes, puisque la première avait projeté de les avoir sur la Moselle ou sur le Rhin, afin d'y joindre une armée de l'Empire, pour faire diversion à la France de ce côté-là. Mais comme le ministère de l'Angleterre a eu des avis qui annoncent que ni le contingent de la Hollande ni celui de la cour de Vienne ne seraient à beaucoup près aussi complets qu'on l'avait fait espérer, il a insisté de faire servir les troupes russiennes aux Pays-Bas, par la raison qu'il vaudrait mieux former là une bonne armée et couvrir la Hollande, que d'en former deux médiocres. Voilà le précis de ce qui m'est revenu jusqu'ici à ce sujet: s'il m'en revient d'autres nouvelles, je ne laisserai pas de vous en avertir. En attendant, si ceux-ci sont permanents, la France aura toujours gagné par là que l'Empire restera dans sa neutralité et que la cour de Vienne se verra encore éloignée de son but principal, qui est de mêler l'Empire dans ses querelles contre la France.

Frederic.

Nach dem Concept.