2940. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 17 février 1748.

Permettez que je doute fort de ce que vous me dites, dans la dépêche que vous m'avez faites immédiatement du 7 de ce mois, qu'en cas que la cour de Vienne fût secondée de la Russie dans quelque guerre contre moi, la première serait en état de fournir à celle-ci, du moins pendant deux années, les mêmes subsides qu'elle reçoit actuellement des Puissances maritimes. Réfléchissez seulement qu'avec tous les subsides que la cour de Vienne reçoit actuellement des Puissances maritimes et avec tous les forts impôts dont elle charge ses sujets, elle est cependant toujours courte en argent. Peut-on présumer que, quand ces subsides cesseront, elle serait en état de donner elle-même de forts subsides et de soutenir en même temps les frais de la guerre qu'elle serait obligée de faire pour elle-même?

Il est sûr que l'Angleterre travaille de son mieux pour séparer l'Espagne de la France; je doute cependant que l'Angleterre soit en état de faire des conditions aussi favorables que l'Espagne voudra avoir pour se séparer de la France, ainsi que je suis persuadé que tous ces chipotages n'aboutiront à rien. D'ailleurs, je présume que les négociations sur la paix générale ne prendront pas un pli favorable avant que la campagne qu'on va faire cette année-ci, ne soit finie, et que l'Angleterre ait éprouvé que le secours des Russes ne suffit pas pour faire tête à la France, ou que la France ait vu qu'elle ne pourra plus résister aux alliés, et ce sera alors que la paix générale s'en suivra absolument.

Federic.

Nach dem Concept.