2953. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 23 février 1748.

Ce que vous dites, dans votre dépêche du 14 de ce mois, qu'on pourrait songer là où vous êtes, en cas de rappel du général Bernes, de le remplacer à ma cour par le comte d'Esterhazy, ne m'a guère fait de plaisir, car, selon ce qui m'est revenu sur son chapitre, il est d'un caractère hautain et assez désagréable de personne. Il faudra cependant bien en passer par là et s'en contenter, dès que la cour de Vienne en disposera ainsi, parceque, comme je le sais, il ne dépendrait pas de vous d'y rien changer.

En attendant, si j'avais à opter, mon choix serait pour retenir ici le général Bernes, nous nous connaissant réciproquement au moment présent, et qu'il faudrait toujours perdre du temps pour s'orienter avec tout autre qui d'ailleurs me serait inconnu.

C'est chimère toute pure quand vous pensez que les Russes pourront rester en Bohême; vous pouvez compter qu'ils dirigent leur marche en droiture aux Pays-Bas et que, quoique la reine de Hongrie puisse désirer de les employer au Rhin ou sur la Moselle, il n'en arrivera pas ainsi, les Puissances maritimes soudoyant lesdites troupes russes pour leur service aux Pays-Bas, comme je vous l'ai dit et répété cent fois.

Quant au Nonce résidant à Vienne, je le connais moi-même, et je sais qu'il est trop borné pour faire jamais une grande fortune à Rome; l'anecdote que je puis vous dire en confidence à son sujet, est que pour toute bibliothèque il a des cervelas, lesquels il tient sous clef dans son bureau pour s'en régaler lui-même.

Federic.

Nach dem Concept.