3010. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 13 avril 1748.

Mon étonnement n'est point médiocre, quand par votre dépêche du 29 de mars dernier j'apprends que les Français sont assez simples pour crier à l'aide parcequ'ils manquent d'argent, et qu'ils veulent une paix prompte. Étrange proposition, dont le vrai but saute aux yeux des moins clairvoyants! En attendant, je dois vous dire pour votre direction que les ressorts que fait jouer la France par ses ministres aux cours étrangères, sont infinis, uniquement pour me mettre derechef le harnais sur le corps et me mêler de son jeu; mais je lui réponds de moi, et elle peut compter à pure perte toute sa politique et toutes les peines qu'elle emploie pour cela. Au reste, je ne doute nullement, mais je suis bien plutôt entièrement persuadé que, si la France traitait ses finances avec plus d'ordre, elle se trouverait, en effet, plus de ressources que ni le roi de France ni ses ministres ne se l'imaginent présentement, et le jugement que porte sur cela cet homme duquel vous me rapportez le raisonnement par votre dépêche du 1er de ce mois,78-1 me paraît d'autant plus judicieux qu'il semble être fondé sur la vérité même.

Federic.

Nach dem Concept.



78-1 Chambrier sagt in diesem Berichte: „On aurait voulu que le contrôleur général des finances se fût servi d'autres moyens, moins onéreux pour le public et plus efficaces pour trouver l'argent dont il a besoin. Ce royaume n'en manque pas, parcequ'il y a encore beaucoup d'argent, et qu'en faisant, dit-on, des emprunts agréables au public, ce seraient des ressources promptes et abondantes pour le roi de France qui ne rendraient pas la vie dure pour tout le monde, comme les impôts qui viennent d'être établis.“