3073. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A BERLIN.

Potsdam, 19 mai 1748.

Le comte de Podewils, mon ministre à Vienne, m'ayant mandé par une des relations qu'il m'adresse immédiatement et dont voici l'extrait, que contre toute son attente l'affaire touchant la tutelle de Weimar avait pris un pli très défavorable au duc de Gotha, je m'en trouve également surpris et embarrassé, d'autant plus que ledit comte de Podewils m'avait donné par ses relations précédentes des assurances positives que cette affaire finirait à la satisfaction de ce Prince. Comme il est cependant nécessaire que je prenne mon parti là-dessus, je veux bien vous dire, tant pour votre direction que pour que vous soyez à même d'instruire en conséquence ceux à qui il appartient, que d'un côté je voudrais bien aider le Duc dans cette affaire, en employant des recomman<116>dations, des remontrances et des intercessions, mais que d'un autre côté je ne suis nullement intentionné de me commettre là-dessus avec qui que ce soit ni de m'attirer gratuitement des affaires fâcheuses pour l'amour du Duc, dans une chose qui, pour en parler tout naturellement, me touche peu ou point, me pouvant être indifférent si c'est le duc de Gotha ou celui de Cobourg qui régente les pays de Weimar.

En attendant, pour aider au Duc en tout ce qui peut se faire sans conséquences, mon intention est que vous deviez donner les informations nécessaires de l'affaire dont il s'agit à mon ministre à Dresde, le conseiller privé de Voss, et le charger de demander modestement à la cour de Dresde que, si actuellement un décret d'exécution lui avait été envoyé de la part de la cour impériale, elle voulût bien ne pas se précipiter là-dessus, puisque je faisais faire actuellement des représentations à cette cour, et que d'ailleurs j'irais me concerter avec la cour d'Hanovre à ce sujet, pour voir s'il n'y aurait pas moyen de régler cette affaire par des compositions amiables, et que j'espérais que la cour de Drede voudrait bien attendre le succès de mes représentations auprès de la cour impériale, avant que de procéder à des voies de fait.

D'ailleurs vous ferez préparer sans la moindre perte de temps un mémoire instructif dans lequel il faudra rassembler tout ce qui saurait être avantageux au Duc, soit par rapport à la forme, soit à l'égard de l'essentiel de son procès, afin d'instruire en conséquence mon ministre Podewils à Vienne, avec ordre de faire des représentations convenables à la cour impériale — quoique se servant de termes modestes et qui ne se sentent aucunement ni d'aigreur ni de menaces — qu'on voudrait bien aller un peu bride en main et ne pas trop se précipiter dans une affaire d'une telle conséquence, qui pourrait d'ailleurs être composée amiablement et à la satisfaction des intéressés, sans qu'il soit nécessaire d'en venir d'abord à des extrémités et ombrager tous les États de l'Empire.

Vous marquerez cependant en même temps au comte Podewils, pour qu'il sache se diriger là-dessus, que c'était aussi tout ce que je pouvais faire en faveur du Duc, et qu'il devait être ainsi sur ses gardes, afin de ne faire aucune démarche à ce sujet qui pourrait m'entraîner plus loin et me causer des brouilleries, parceque, le cas posé que le conseil de l'Empereur ne voulût point faire attention à mes remontrances, je serais obligé de laisser là cette affaire et de lui laisser prendre tel train qu'elle pourrait.

Il faudra, outre cela, que vous écriviez au ministère d'Hanovre et le sondiez, en lui communiquant l'état de l'affaire, s'il voudrait bien communiquer avec nous et nous expliquer ses sentiments touchant un concert à faire entre nous pour diriger cette affaire à une fin désirable.

Comme le duc de Gotha vient de m'écrire la lettre que je joins ici, vous devez minuter une réponse là-dessus, en instruisant ce Prince de tout ce que je venais de faire encore tant à la cour de Vienne qu'à<117> celle de Dresde, de même qu'auprès du ministère d'Hanovre. Vous aurez soin que tout soit expédié le plus promptement qu'il sera possible, pour ne pas perdre le temps où mes remontrances sauraient opérer encore quelque protection au Duc. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.