3083. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 24 mai 1748.

J'ai reçu votre dépêche du 13 de ce mois. Quoique je connaisse votre habileté et que je lui rende justice, je ne saurais cependant m'empêcher de vous dire pour cette fois-ci qu'en ce qui vous a été rapporté des circonstances présentes de la France, il y a beaucoup de misère et de pitoyable. Je vous soutiens tout au contraire que le prétendu manque d'hommes et d'argent qu'il doit y avoir en France, n'est point fondé en vérité, et que, quand bien même le contrôleur général des finances en parle sur un pied tellement désavantageux au Roi son maître, je n'y trouve pas plus de raison, pour cela, à me le persuader. Car ce qui fait aujourd'hui les défauts essentiels de la France qui empêchent que ses affaires ne soient pas montées sur le ton qu'elles le devraient et le pourraient être, ce sont ces gens idiots et ignorants qui se mêlent d'affaires, ces mauvais arrangements sans nombre, ces gens sans fermeté, et, enfin, ce peu d'intelligence et d'harmonie qui fait donner dans une infinité de travers et qui est la cause qu'on ne prend jamais en France les choses comme on le devrait, mais qui fait absolument perdre de<124> vue le vrai bout par lequel elles devraient être commencées. Il m'est au reste assez indifférent que la France témoigne encore quelque partialité pour les Saxons, puisqu'il n'y a guère d'apparence que les chipoteries de ces derniers puissent se soutenir après le rétablissement prochain d'une paix générale.

Federic.

Nach dem Concept.