3164. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A HANOVRE.

Potsdam, 21 juillet 1748.

Le chevalier de Legge venant de passer par ici pour aller à Hanovre, j'ai bien voulu le charger de cette dépêche, pour vous dire qu'après qu'il a reçu une grande dépêche de sa cour, il est parti aussitôt vers ici pour me demander audience, afin de pouvoir continuer, incontinent après, son voyage à Hanovre, pour y arriver avant que le Roi son maître aille à Göttingen.

Quoique je ne lui aie parlé encore, je suis cependant déjà informé que les propositions qu'il me fera ne rouleront que sur les sujets dont le duc de Newcastle s'est déjà assez clairement expliqué envers vous, savoir sur ma garantie de la Pragmatique Sanction, et pour me faire entrer dans les vues que le roi d'Angleterre peut avoir en faveur de la maison d'Autriche.

J'ai bien voulu vous avertir préalablement que, quand M. de Legge m'en fera ces ouvertures, je le laisserai parler tranquillement, et après l'avoir écouté attentivement, je lui répondrai que depuis son arrivée jusqu'ici il ne m'avait parlé que d'une alliance étroite à faire entre moi et l'Angleterre, et que je lui avais assez déclaré combien j'étais prêt d'y entrer et de prendre des liaisons les plus intimes avec le Roi son maître, mais comme il venait me faire des propos auxquels je n'étais nullement préparé, mais qui étaient d'une nature à y penser fort mûrement, étant de la dernière importance, il faudrait bien que je lui demandasse le temps nécessaire, afin de pouvoir réfléchir mûrement là-dessus et sur toutes les conséquences qui en pourraient résulter, et m'en concerter avec mes ministres.

Voilà la façon avec laquelle je m'expliquerai avec lui, sans entrer dans plus de détail.

Pour votre direction, je veux bien vous dire que mon objet principal dans tout ceci est de ne choquer ni rebuter nullement les ministres anglais, mais de chercher plutôt des dilatoires, et de les amuser honnêtement pour gagner le temps jusqu'à ce que le traité formel de la paix soit signé sur le pied qu'il a été entamé par les articles préliminaires, et ce sera alors que je m'expliquerai plus clairement avec eux.

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Au reste, vous continuerez de vous tenir toujours boutonné sur ces propos et de ne répondre, quoique fort poliment, autre chose quand on vous en entame, sinon que vous manquez encore d'instructions là-dessus.

Federic.

P. S.

Comme je viens de voir le contenu de la dépêche que vous m'avez faite le 18 de ce mois, j'approuve fort les arrangements que vous avez pris avec le baron d'Asseburg, afin qu'au cas qu'on fît des ouvertures à Cassel des mesures à prendre dans l'intérieur de l'Allemagne, vous en soyez averti par le ministre de Hesse qui est à Hanovre. Quant à la marche des troupes russiennes, je veux bien permettre que vous puissiez vous ouvrir adroitement sur cet article avec le duc de Newcastle, et je crois que, quand vous le mènerez sur ce discours, vous en tirerez bientôt au clair ce qui en est, et comme vous connaissez à présent assez ledit duc, vous saurez le mieux la façon dont il faut se prendre pour le tourner. L'avis que vous m'avez donné par rapport à ce que le ministre de Münchhausen a témoigné au ministre du duc de Wurtemberg,180-1 me confirme votre sentiment que l'idée des Puissances maritimes est de rétablir l'ancien système dans les différentes cours de l'Empire, et que l'affaire ne deviendra sérieuse qu'après la pacification. Au surplus, j'ai ordonné à mon ministère d'écrire à celui d'Hanovre la lettre d'intercession que vous me demandez touchant le procès que vous avez devant le grand conseil d'appels à Celle.

Nach dem Concept.



180-1 Hardenberg. Münchhausen hatte den Wunsch zu erkennen gegeben, die Association der Reichskreise (vergl. S. 163. 173) bald zum Abschluss kommen zu sehen.