3214. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A HANOVRE.

Potsdam, 20 août 1748.

Les soupçons que vous me marquez, dans votre dépêche du 15 de ce mois, d'avoir eus sur la mission et négociation du sieur Legge, sont bien fondés, et je suis convaincu qu'il n'y a eu que duperie dans tout ceci. Ce qui me paraît bien étrange dans la façon d'agir dudit sieur Legge, c'est qu'après l'empressement extraordinaire qu'il a témoigné avant son voyage d'Hanovre, à me voir lié avec l'Angleterre, il n'a pas donné aucun signe de vie depuis qu'il en est retourné, et ne m'a pas parlé ni demandé à me parler. Il a dit à qui l'a voulu entendre, sans en rien communiquer à mes ministres, que les Puissances maritimes avaient requis le chef du corps des troupes russes de diriger sa marche pour son retour, et il doit avoir donné à entendre à d'autres ministres étrangers qu'il s'attendait en peu à la réception de son rappel, vu la nécessité de sa présence en Angleterre pour le mois de novembre et son inutilité à ma cour, doutant, par les dispositions où il la croyait, que la sienne jugeât à propos de l'y charger d'ultérieures commissions; ainsi donc, toutes ces circonstances prises ensemble, je puis bien conclure que le moment n'est pas encore venu où je pourrai m'entendre avec l'Angleterre. Cependant, comme je ne veux point choquer ces gens-là, vous devez continuer à garder de bons dehors avec eux, et quand vous trouverez une occasion propre à vous expliquer avec le duc de Newcastle, vous lui direz, quoique seulement par manière d'acquit, qu'on m'avait averti que le ministre de la reine de Hongrie à Aix-la-Chapelle travaillait à faire changer ce que l'on avait stipulé dans les préliminaires de paix à mon égard, mais que je me confiais à la bonne foi des Anglais qu'ils ne voudraient point permettre qu'on fît des changements aux termes des préliminaires dans le traité définitif.

Federic.

Nach dem Concept.